Le procès du Général Mahamat Abdallah qui a giflé le Magistrat Moumassou Djoufoulsou, il y’a quelques semaines, est programmé pour se tenir ce jeudi 17 décembre 2020 au Tribunal de grande instance de N’Djaména. Alors que tout le monde attendait l’issue de ce procès du Général et chef de canton Mahamat Abdallah, après l’exfiltration de son dossier du bureau du 8ème substitut du procureur Izadine Kamal Ahmat alors que le prévenu était placé sous mandat de dépôt, le procès n’a tout simplement pas eu lieu. Motif ? Voici les faits:
C’est l’incompréhension et l’étonnement qui a gagné la partie civile en cette matinée du jeudi 17 décembre 2020. Au départ, tout semblait être normal. En effet, le tribunal a appelé le dossier. Et aussitôt, le juge Moumassou Djoufoulsou, plaignant dans cette procédure et ses avocats se présentent à la barre. Premier indice d’anormalité, le prévenu est absent dans la boxe des accusés. Qu’à cela ne tienne et de prime à bord, le tribunal donne la parole aux avocats de la partie.
Au moment où un des avocats prend la parole, le président de la formation ouvre le dossier, et du coup arrête l’avocat et les informe que le dossier est vide et pire, « ma formation n’a jamais pris connaissance de ce dossier », s’est-il fondu en exclamation. Epoustouflés par les faits, les avocats demandent à savoir comment les pièces ont pu bien disparaître dans le rôle et pourquoi le prévenu est-il absent de l’audience ? Le tribunal de répondre qu’il n’en sait rien et ne peut juger d’une affaire dont il n’a pas pris du fond du dossier.
Lorsque les avocats se tournent vers le procureur, 8ème substitut Izadine Kamal Ahmat, accusé d’être à l’origine de disparition du dossier ayant placé le prévenu sous mandat de dépôt, celui-ci rétorque que le tribunal est indépendant et qu’il ne peut rien de plus. Furieux, les avocats de la partie accompagnés de quelques magistrats se rendent au bureau du Procureur de la République, Youssouf Tom, afin d’obtenir les explications… D’après notre source, Youssouf Tom a rassuré la partie civile qu’il régularisera le dossier. Selon un magistrat que nous avons interrogé pour savoir comment cette procédure pourra être régularisée en son état actuel, « il est question que le parquet initie une nouvelle procédure en écoutant à nouveau sur procès-verbal le prévenu, en l’interrogeant et éventuellement en le plaçant sous mandat dépôt ». Va-t-il le confiant à nouveau au même 8ème substitut du procureur de la République.
Selon Me Koudé Mbaïnaïssem, l’un des avocats de la partie civile « c’est une mise en scène qui vient jeter le discrédit sur tout l’appareil judiciaire ». Cette affaire a divisé le milieu judiciaire au point que les soupçons de « l’argent a circulé… », Qui se racontent dans les couloirs du palais de justice enflamme les autres judiciaires contre le Syndicat des Magistrats du Tchad (MST) qui reste muet face à cette situation qui tend à devenir un déni de justice.
De toutes les façons, cette affaire du Général et chef de canton Mahamat Abdallah est une épreuve de de trop pour la justice tchadienne, rien que pour l’année 2020. Le ministre de la justice, Djimet Arabi est interpellé pour redorer son image, à ce moment où le parquet, autorité de poursuite, semble avoir perdu ses pédales.
Azoudoum Aweina Géd