Selon des informations relayées par quelques médias, l’on pointe l’ancien Maire Ibrahim Wang-Laouna Foullah d’avoir vendu une réserve de l’État qu’occupent des jardiniers, à côté de l’Institut français du Tchad (IFT) dans le 3ème Arrondissement. Cette information fait suite à l’intervention des éléments du Peloton spécial d’intervention de la gendarmerie (PSIG) vendredi sur l’espace, pour déguerpir les occupants. La rédaction de Tchad24 a poussé les investigations sur ce dossier.
Par Azoudoum Aweina Gédéon
Vendredi 17 décembre. Dans la matinée, des éléments du PSIG font une descente sur ce terrain, qui abrite des exploitants anarchiques du jardin et autres vendeurs de la chicha. Ils sont accompagnés par un huissier de justice, sur ordre du Parquet d’instance de N’Djaména, afin de faire libérer l’espace vert à proximité de l’IFT à son propriétaire qui dispose d’un titre foncier. Il convient de noter que les jardiniers reconnaissent avoir reçu un acte de la justice qui les enjoint à vider le lieu.
Dans la foulée, c’est l’ancien Maire de N’Djaména, Ibrahim Wang-Laouna Foullah qui est pointé d’un doigt accusateur dans cette affaire de vente de ce terrain qui remonte en août 2020, dont le coût est estimé à environ 120 millions, selon les informations qu’ont relayées nos confrères Tchadinfos.com et N’Djaména Actu. A savoir qu’Ibrahim Wang-Laouna Foullah a occupé cette institution entre décembre 2020 et avril 2021. Faut-il croire en ces accusations ?
Les faits sont tout autres
A priori, il convient de relever que l’acquéreur de ce terrain dispose de tous les documents de titre foncier. Il ressort de ces documents que le 13 juillet 2020, sous la Présidence de feu Maréchal Idriss Deby Itno, la ministre de l’aménagement du territoire, du développement de l’habitat et de l’urbanisme, Mme Achta Ahmat Brémé, par un courrier N°125, octroie ce terrain susmentionné, un espace de 4260 m2. Selon cette correspondance, le terrain est attribué à la demande de l’intéressé adressée à la Présidence de la République, en vue de l’ouverture d’un garage moderne. Et nous avons pu consulter que c’est le ministre d’État, ministre secrétaire général de la Présidence de la République, Kalzeubé Payimi Deubet qui l’a instruit à la ministre de l’aménagement. Le terrain est donc attribué au bénéfice de la société dénommée Centre des services et des affaires modernes (SCAM), dont un certain Adam Adaw Abdel-Nebi est propriétaire.
C’est donc en application des instructions de Kalzeubé Payimi Deubet puis d’Achta Ahmat Brémé, qu’en exécution le 4 août 2020, la Mairie de N’Djaména a publié un avis d’adjudication. Là aussi, dans cet avis publié au Ministère de l’Aménagement, il a été accordé une période d’une semaine pour d’éventuelles oppositions. Ce qu’il faut savoir, en rappel, pour l’attribution de ce terrain, le Maire d’antan Oumar Boukar avait alors mis en place une ‘’commission de constat de mise en valeur et d’adjudication’’, commission présidée par Ibrahim Wang-Laouna Foullah, alors 1er Adjoint au Maire. Mais en tout cas, c’est voilà ce que nous avons pu comprendre de cette affaire qui accablerait une personne qui semble faire l’objet d’un lynchage tout court.
Donc, il serait précoce d’établir que cet espace a été vendu par Ibrahim Wang-Laouna Foullah. Puisque même si la décision de vendre ce terrain était prise à la Mairie, Foullah est loin d’être le premier auteur, étant entendu que la Mairie est dirigée par un exécutif, dont il n’était alors pas le titulaire. Et le procès-verbal d’adjudication est régulièrement signé par le ministère de l’Aménagement du territoire, du développement de l’habitat et de l’urbanisme. La faute de Foullah serait peut-être d’avoir accepté de présider ladite commission de la Commune. Et selon toute vraisemblance, ceux qui accuseraient la Mairie d’une vente de tel terrain semblent ignorer le fonctionnement du régime foncier au Tchad.
