La radio allemande « BR24 » a consacré, ce 8 juillet, un article détaillé à la présence des groupes terroristes en Afrique, ainsi qu’à leurs méthodes de propagande sur internet et de recrutement dans des zones d’instabilité, en particulier dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie.
Les groupes terroristes tels que l’Etat Islamique (EI) et Al-Qaïda ont « la vie facile » dans les camps de Tindouf, souligne le média sous le titre « Les groupes terroristes en Afrique : Un terreau pour les attentats en Europe? ».
Les groupes islamistes « sont très présents en Afrique et recrutent dans d’immenses camps de réfugiés. Ils utilisent les conflits pour leur propagande sur Internet, qui s’étend jusqu’à la Bavière », relève-t-on.
Pour étayer leurs propos, les co-auteurs Sabrina Wolf et Joseph Röhmel citent le cas d’un certain Ismaïl, un apatride de 38 ans, partisan du « polisario ». Ce dernier a été condamné en mai par la Cour nationale de justice de Madrid à deux ans de prison assortie d’une période de probation de cinq ans pour « radicalisation », précisent-ils, notant que tout un réseau a été bâti autour d’Ismaïl, pour promouvoir le jihad porté par l’Etat Islamique (EI).
Les médias espagnols avaient en effet révélé que le dénommé Ismail – de son vrai nom Monni Ahmed Merhaba- avait, dans les semaines qui ont précédé son arrestation, publié des appels quotidiens au jihad et au martyre dans des vidéos qu’il a lui-même créées et diffusées via diverses applications mobiles. Il avait de même exprimé son adhésion à l’État islamique ainsi que sa haine de l’Espagne, qu’il a qualifiée de « terre de mécréance ».
Les enquêteurs espagnols avaient révélé les liens étroits d’Ismaïl, qui était proche d’Abu Walid, l’ancien dirigeant de l’EI et membre du « polisario », avec d’autres partisans de l’EI et dévoilé un réseau de dizaines de membres du « polisario » dans les camps de Tindouf, qui jouaient un rôle dans les activités de l’Etat islamique au Sahara et au Sahel.
Les investigations avaient également révélé, à partir du compte Facebook d’Ismaïl et de ses nombreux amis, un soutien fort apporté au « polisario », qui contrôle les camps de Tindouf, de plus en plus infestés par l’idéologie djihadiste extrémiste.
Le média allemand cite plusieurs experts, dont Hans-Jakob Schindler, directeur principal du Counter Extremism Project, une organisation internationale à but non lucratif qui surveille et évalue la propagande des groupes terroristes en Afrique.
« L’Afrique devient de plus en plus un point névralgique du terrorisme islamiste et des attaques pourraient être lancées à partir de ce continent », a-t-il fait remarquer, ajoutant qu’il est toujours possible « d’instrumentaliser en Europe des personnes issues des régions en conflit, de les radicaliser et éventuellement de les motiver à commettre des attentats ».
Les autorités espagnoles et une organisation d’anciens officiers de renseignement ont analysé le réseau de propagande centré autour d’Ismail, notant que toutes les pistes mènent à la Syrie, à l’Espagne et aux camps de Tindouf en Algérie, indique « BR24 ».
Selon d’anciens officiers de renseignement approchés par la radio allemande, la plupart des comptes Facebook du réseau ne sont pas publics : « la communication y est très limitée, ce qui signifie qu’ils n’utilisent leurs comptes Facebook que pour se connecter les uns aux autres. Ensuite, ils passent au service de messagerie Telegram ou à d’autres moyens de communication ».
Au cours du procès d’Ismaïl, il est apparu qu’il utilisait également un numéro de téléphone allemand pour masquer son identité, précise l’article.
« Une chose est sûre : l’Office fédéral de protection de la Constitution observe que l’Afrique joue un rôle central dans la propagande », constate le média, faisant remarquer que l’EI a déclaré l’Afrique « comme zone d’émigration et de Jihad » dans son magazine en ligne ‘al-Naba’ du 16 juin 2022″.