Cela fait trois jours déjà. Et encore, les élèves de la ville de N’Djaména ne sont pas dans les salles de classe. Le syndicat national des enseignants du Tchad, section de N’Djamena, a suspendu les cours depuis le 25 mai jusqu’à nouvel ordre. Une décision qui intervient suite à l’intervention brutale des forces de l’ordre et de sécurité dans les établissements scolaires. Une grève de plus ou de trop, dira-t-on.
Au moment où toutes les questions se posent sur la finalité de l’année en cours suite aux heures de cours perdues à cause de grèves à répétition, les autorités continuent à agir comme si l’éducation était le dernier souci. La fermeture des portes des écoles par les syndicats des enseignants est devenue comme le seul moyen d’expression. Et de l’autre côté, la violation des établissements scolaires pourtant inviolables et la violence perpétrée sur les élèves et le personnel éducatif par les forces de l’ordre et de sécurité démontre à suffisance que l’éducation, au Tchad, est la dernière préoccupation.
La violation perpétrée sur les élèves et enseignants du Lycée Amtoukoui ce 24 mai entraînant une énième fois la fermeture des portes des établissements dans la capitale mérite un examen de conscience sur le devenir des enfants. Cette énième grève n’est-elle pas de trop ou de plus ? c’est une mesure conservatoire, pointe, Djimrassem Thalès, psychopédagogue « La police a outrepassé ses limites. Elle est entrée dans des écoles en tirant les grenades lacrymogènes sur les élèves et enseignants avec toutes les conséquences. Dès lors que les locaux des établissements sont violés, la grève est systématique. Cette grève a pour but de réclamer un minimum de sécurité dans le milieu d’apprentissages. Puisque, par ailleurs, l’école nécessité un environnement pacifique, de paix, il faut donc un minimum d’accalmie ».
Nous ne pouvons pas aller avec les élèves pour qu’ils soient tués
Sur la question de la perte des heures qui s’accumulent de plus en plus, à un moment où le niveau des élèves même connaît déjà une baisse drastique, le secrétaire général du SET province de N’Djaména est, on ne peut plus, claie « Les pertes des heures ! vous [journalistes] semblez être préoccupé par la perte des heures, plutôt que de la vie de nos enfants qui sont en danger ! Nous ne pouvons pas aller avec les élèves pour qu’ils soient tués parce que les heures sont en train d’être perdues ! ». L’on est en droit de se demander pourquoi tout ceci au cours d’une seule année scolaire ?
Ce qu’il s’est passé ce 24 mai dans quelques établissements scolaires du 10 dix arrondissements de la ville de N’Djamena, mais aussi tous les établissements publics depuis la rentrée scolaire, qui vivent incessamment la situation de la grève donne matière à réflexion sur le type d’éducation qu’on dispense au Tchad. De l’avis du secrétaire général national du SET, Mbaïriss Ngartoïdé Blaise « ça n’est pas une grève de trop, c’est une grève de protestation. C’est pour attirer l’attention des autorités ».
Si le niveau d’acquisition des apprenants, sous d’autres cieux est une préoccupation majeure, au Tchad, il y a une sorte d’insouciance du gouvernement vis-à-vis de ce secteur. Il est donc gênant qu’à la moindre chose, ceux qui paient le pot cassé sont toujours les élèves. Entre le gouvernement et les syndicats on ne peut plus clair.
Pour la seule année en cours, le syndicat des enseignants a déjà appelé les enseignants à la grève plus de cinq fois. Peu importe la forme de grève, mais cet appel est constant et de plus en plus. C’est un défi majeur qui commande des actions et une prise de conscience des autorités afin de mettre ce secteur à part, et ainsi le rendre exempt de toute perturbation. Il n’est pas sinécure de n’envisager aucune perturbation inutile à l’avenir, après celle-ci.