Tchad : Brouille diplomatique entre les autorités de transition et l’UA

Le torchon brûle entre Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine (UA) et le gouvernement ces derniers jours. La guéguerre était discrète mais a fini par se révéler le grand jour, ce 1er juillet. Tout est parti de la nomination du haut représentant de l’UA auprès du Tchad pour la transition. Une nomination qui a provoqué l’ire des autorités de la transition qui avance les arguments d’après lesquels les usages diplomatiques n’ont pas été respecté.

C’est une bourde diplomatique qu’a commise l’UA, selon les autorités du Tchad pour qui, « même le secrétaire général de l’ONU, quand il veut nommer un envoyé spécial pour un pays, par courtoisie, il informe d’abord. Même s’il n’y a pas lieu de demander l’assentiment, il faut demander au moins l’avis de plus hautes autorités du pays concerné », a affirmé sur Radio France internationale, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zen. De son côté, le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat se targue de ses prérogatives de désigner des envoyés spéciaux auprès des Etats membres de l’organisation continentale. La réponse de l’UA ne s’est pas fait attendre pour clarifier les choses avec le CMT. « Deux courriers d’information ont été envoyés l’un à l’Ambassadeur du Tchad à Addis-Abeba et l’autre au Ministre des affaires étrangère Cherif Mahamat Zene », a rétorqué l’UA.

Le ministre des Affaires étrangères estime d’ailleurs que l’envoyé spécial en question, Ibrahima Fall, est un homme estimé et que le gouvernement n’avait aucun problème contre sa personne. Le commissaire politique, paix et sécurité de l’UA sera à N’Djaména mercredi 7 juillet. Le gouvernement entend « l’écouter et l’Union africaine a intérêt à faire amende honorable pour dire que c’était une omission de leur part pour demander aux autorités tchadiennes compétentes d’examiner le cas de cet envoyé spécial ou trouver une alternative », prescrit d’ores et déjà à l’UA Chérif Mahamat Zèn. Pour lui, il y a un problème très sérieux « qui laisse penser qu’on peut décider du sort du pays en dehors des autorités tchadiennes. C’est cela les choses inacceptables », réaffirme le chef de la diplomatie tchadienne.

L’UA annonce que le Président du Conseil de Paix et Sécurité sera ce week-end à N’djaména pour « recadrer le CMT afin qu’il respecte à la lettre les recommandations de l’UA pour une transition pacifique ». Il pourrait s’agir entre autres points de la rédaction d’une nouvelle charte interdisant les membres du CMT et du gouvernement de Transition d’être candidats aux élections prévues ; de la publication d’une feuille de route de la transition d’une durée de 18 mois non renouvelable ; de l’organisation d’une conférence nationale inclusive et souveraine.

L’UA rappelle au CMT qu’il a évité de justesse les sanctions de l’organisation et que celles-ci sont toujours envisageables. Cela en conformité avec le président français, Emmanuel Macron, qui dit ne pas soutenir un plan de succession dynastique au Tchad.

Décidément, cette escalade serait la face visible de l’iceberg quand cela intervient entre les autorités de la transition et l’UA qui leur a pourtant apporté son soutien. Un soutien qui a valu une vive critique d’une bonne partie de la classe politique tchadienne. Il faut donc retenir que les autorités tchadiennes de la transition sont en quête de l’affirmation de leur autorité, quitte aux partenaires du Tchad de le savoir. Arrivée au pouvoir le 20 avril 2021, le Conseil militaire de transition, à sa tête Mahamat Idriss Deby, ont depuis quelques semaines du mal à convaincre l’opinion publique de leur bonne volonté de laisser le pouvoir.

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