Dernier jour de campagne ce vendredi 29 juillet au Sénégal, avant les élections législatives de dimanche. Ces dernières semaines, les candidats de la majorité Benno Bokk Yaakaar ont essentiellement vanté le bilan du président Macky Sall. La principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, menée par Ousmane Sonko -qui lui-même ne peut pas être candidat- vise à lui imposer une cohabitation. Quels sont les principaux enjeux de ce scrutin, le dernier avant la présidentielle prévue en 2024 ?
Cent soixante-cinq sièges de députés sont en jeu. Huit listes sont en compétition. La majorité espère conserver une majorité confortable à l’Assemblée, tandis que les principales forces de l’opposition visent à imposer une cohabitation au président Macky Sall.
Le maire de Ziguinchor et député sortant n’est donc pas candidat : ce sont les suppléants, souvent inconnus du grand public, qui représenteront Yewwi Askan Wi au scrutin proportionnel. Des personnalités aux parcours souvent atypiques, comme Oumar Sy, cadre de l’aviation civile, tête de liste nationale des suppléants.
Ousmane Sonko aura été omniprésent durant la campagne, enchaînant les meetings et les visites de proximité. « Qu’on l’apprécie ou non, on ne peut pas nier sa capacité à mobiliser les foules, il y a un phénomène Sonko », estime un observateur de la vie politique.
Après sa troisième place à l’élection présidentielle de 2019, « il est devenu une locomotive auprès des jeunes ». Son arrestation dans une affaire de viol présumé avait provoqué de violentes émeutes en mars 2021, qui avaient fait au moins treize morts. Aucune date n’est avancée pour un procès dans ce dossier.
Objectif pour l’opposant lors de ces législatives : imposer une cohabitation au président Macky Sall. Pour cela, Yewwi Askan Wi s’est alliée avec la coalition Wallu Sénégal, formée autour de l’ancien président Abdoulaye Wade. Le principe est simple : une coalition s’engage à soutenir l’autre dans le département où elle est en position de force.
Cette alliance « peut faire mal à la majorité », affirme Ababacar Fall, secrétaire général du Gradec, le groupe de recherches et d’appui pour la démocratie participative et la bonne gouvernance. « La stratégie peut être payante, si elle est bien comprise par les électeurs », ajoute-t-il.
Un « référendum sur le troisième mandat »
Six mois après les locales, ces législatives seront le dernier scrutin avant la prochaine présidentielle. « C’est un échauffement », estime le chercheur Mamadou Lamine Sarr, « Tout le débat politique est monopolisé par l’échéance de 2024 ». Ousmane Sonko a déjà affiché clairement ses ambitions.
Quant à Macky Sall, il maintient le mystère sur une éventuelle troisième candidature. « C’est un non-sujet, le président tranchera le moment venu », s’agace un membre de la majorité. Mais l’opposition en a fait l’un de ses principaux thèmes de campagne. « C’est la ligne rouge » prévient un responsable de Yewwi Askan Wi.
Les législatives seront un « référendum pour ou contre un troisième mandat », estime Ababacar Fall du GRADEC pour qui « cette question pollue le débat politique depuis 2019 et doit être tranchée ».
Sources RFI