La troisième édition du Sommet de l’Africa Political Outlook , qui a eu lieu le 25 et 26 Mars 2025, a fermé ses porte la semaine dernière à Bruxelles. Sous le thème « Nouveau Sud, Vieux Monde », il a réuni des décideurs politiques, économiques et multilatéraux pour aborder les mutations profondes redéfinissant l’ordre mondial. Une occasion pour le Tchad de faire entendre sa voix.
Il s’agit pour ce sommet de consolider sa position de plateforme de premier plan pour repenser le rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale et promouvoir les perspectives africaines dans le dialogue international. D’où sa thématique « Nouveau Sud, Vieux Monde ».
Souveraineté africaine responsable

Pour l’ancien Premier ministre du Tchad, Albert Pahimi-Padacké, la diversité et la complexité de l’Afrique est un avantage pour le continent. Ainsi, le continent ne doit pas être considéré comme un bloc homogène. En évoquant la division dans certaines région de l’Afrique, l’homme politique tchadien a mis en lumière les crises internes qui fragilisent le multilatéralisme et la nécessité d’une gouvernance fondée sur la volonté des peuples. Par ailleurs, Pahimi-Padacké a mis en garde contre la tendance des États à revendiquer une souveraineté sans respecter les droits des citoyens. Car pour lui, cette approche pourrait saper les véritables aspirations démocratiques. En effet, selon lui, la véritable souveraineté se construit sur des élections libres.
Bien plus, il insiste sur « le fait que les organisations internationales et régionales doivent continuer à promouvoir la démocratie et les droits humains, même face à la tentation de soutenir des régimes non démocratiques ».
Un discours rejoint par Adébissi Djogan, Fondateur et Directeur Exécutif de l’Africa Political Outlook qui indique que : « Le multilatéralisme tel que nous l’avons connu appartient au passé. L’Afrique doit tracer sa propre voie, trouver de nouveaux modèles et s’affirmer avec souveraineté dans le nouvel ordre international. »
Dans un contexte de mutations importantes du développement international, les intervenants ont appelé à un changement de paradigme fondamental dans les relations Nord-Sud. Comme l’a déclaré Papa Amadou Sarr, directeur des partenariats à l’Agence française de développement, l’Europe doit désormais « changer de paradigme : investir, investir, investir ».
Dans son discours d’ouverture S.E. Moses Vilakati, Commissaire à l’Agriculture et au Développement rural de l’Union africaine, représentant S.E. Mahamoud Ali Youssouf, nouveau président de la Commission de l’UA, déclare que « dans ce nouvel ordre mondial, la coopération internationale et le multilatéralisme revêtent une importance renouvelée ».« Nous ne nous contentons pas d’adapter notre continent aux transformations en cours ; nous les façonnons activement. »
Refondre l’architecture financière internationale

Camilla Bruckner, la directrice du bureau du PNUD à Bruxelles, a d’ailleurs mentionné l’écart alarmant dans la réalisation des Objectifs de développement durable, avec seulement 17 % actuellement en bonne voie à l’échelle mondiale. « Le déficit de financement doit être comblé de toute urgence », a-t-elle insisté, appelant à la mise en place de « mécanismes innovants pour attirer des investissements durables et garantir un accès fiable à l’énergie, un élément essentiel du programme plus large des ODD ». Bien que les pays en développement représentent 75 % des membres d’institutions comme le FMI, ils ne détiennent que 37 % des droits de vote. « Il ne s’agit pas d’une question abstraite », a-t-elle déclaré, « mais d’une occasion de dépasser les discours sur l’inclusion et de passer à la réalité du partage du pouvoir ».
« changer de paradigme : investir, investir, investir »

Dans un contexte de mutations importantes du développement international, les intervenants ont appelé à un changement de paradigme fondamental dans les relations Nord-Sud. l’Europe doit désormais « changer de paradigme : investir, investir, investir ». La logique donateur-bénéficiaire doit être abandonnée, ont souligné les représentants de l’UE lors de la discussion sur l’initiative Global Gateway, qui vise à mobiliser 150 milliards d’euros pour des investissements dans les infrastructures grâce à des partenariats public-privé innovants. Younous Omarjee, vice-président du Parlement européen, a lancé un vibrant appel à une nouvelle perspective : « Aujourd’hui, nous devons considérer l’Afrique telle qu’elle est : un continent d’avenir, une puissance géopolitique en devenir et un acteur clé du XXIe siècle. Elle ne doit plus être perçue à travers le prisme désuet de la condescendance, de la dépendance ou du paternalisme. »
Le Sommet a également abordé des sujets sectoriels spécifiques et prospectifs, tels que le rôle de l’Afrique dans la course à l’intelligence artificielle. Il est important de tirer parti de l’IA pour progresser plus rapidement. Car l’IA est utilisée partout en Afrique, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’éducation.