Moundou, Chef-lieu de la Province du Logone Occidental par ailleurs ville économique, devient de jour en jour un terreau de la prostitution. Considéré comme le plus vieux métier au monde, la prostitution est devenue un moyen de survie pour des jeunes filles prêtes à tout pour se faire plein les poches. Et ce, au mépris des mœurs, sans oublier les maladies sexuellement transmissibles.
Sous une fine pluie, il est 20h, nous sommes au Bar dancing La Croissière, un établissement très frequenté par les Moundoulais. Ce maquis est prisé par les prostitués, et il est très facile d’identifier les travailleuses du sexe. Elles sont pour la plupart jeunes, avec une silhouette multiforme et toutes vêtues d’habits transparents, légers et très courts, laissant apparaître des parties intimes de leur corps. Ces travailleuses du sexe sont à la quête d’un éventuel client. Sur la piste de danse, Elles esquissent des pas très sensuel, au grand plaisir des consommateurs de la chair fraîche. Il suffit d’un moindre geste pour que ces racoleuses te fassent un signe, sans vergogne certaines, te brandissent les tarifs.
A partir de 1h du matin, tout le long de la devanture de ce maquis, elles sont alignées en file indienne, prêtes à bondir comme un lion voyant sa proie, lorsqu’elles aperçoivent une personne en voiture ou à moto qui stationne, Elles se ruent sur cette personne et commencent le marchandage. Il y a des minettes d’à peine quinze ans ! Elles attendent elles aussi des clients ! Ici, il n’y a pas d’âge pour se prostituer. Elles se maquillent et se remaquillent au vu et au su des clients. Un clandoman nous renseigne qu’il y a des chambres de passe temps qui se trouvent à 100m, où elles ont l’habitude de s’envoyer en l’air en échange d’espèces sonnantes. Ce qui étonne le plus, le clandoman renchérit que parfois, le couple circonstanciel, passe à l’acte à l’ espace vide ou dans les concessions inachevées encerclées d’herbes. Les filles ont pour habitude de soulager leurs visiteurs dans ce secteur opaque.
Moundou, le terreau fertile de la prostitution
A la tombée de la nuit, il suffit de faire un tour dans les coins chaud de la ville, pour constater que la prostitution est dévenue une activité génératrice de revenue pour les jeunes filles. Les patrouilles de la police des mœurs ne semblent pas décourager clients et prestataires, malgré les risques divers. Elles prennent toutes sortes d’excitants (alcool, café, cigarette, drogue) pour se mettre en train. “ auparavant ce n’est pas comme ça, mais ce dernier temps, on dirait que ces filles n’ont pas d’autre choses à faire que de se prostituer. De fois ce sont les orphélines, ce qui est incomprehensible, il y a des filles issuent des familles nobles, qui se prostituent. Il faut que les autorités de Moundou trouvent des solutions, si non notre ville est en déperdition’’ affirme Djemian Alexis, enseignant de son état.
Selon des sources locales, la plupart de ces filles viennent des villes et villages secondaires du Tchad, grâce à ce gain facile, elles parviennet à assurer la pitance journalière de la famille, à payer le loyer. “parmi ces filles, beaucoup sont des filles-mères, il y a celles qui sont venues de Kelo, Doba, Sarh et Gorè; il y a également celles qui sont venues de N’djamena” laisse attendre, Boniface, clandoman. Une travailleuse sous l’anonymat nous décrit le calvaire qu’elles font face la nuit. » Ce n’est pas facile de travailler, la nuit, nous sommes victimes de toutes sortes de tracasseries : abus sexuels, viols, coups et blessures, etc. de la part des délinquants et parfois même des policiers en patrouille ». Quelles sont les raisons qui l’ont poussées à se prostituer, notre interlocutrice, âgée de 27 ans, orpheline de père et de mère. “Je me suis retrouvée à la rue, depuis le décès tragique de mes deux parents, il y a 6ans de cela, j’ai la lourde responsabilité de m’occuper de mes cadets qui sont au village. Au départ, j’ai commencé à vendre mais les recettes ne me permettent pas de joindre les deux bout ”conclut-elle.
La prostitution débouche sur le VIH
La pratique accentuée de la prostitution n’est pas sans conséquence sur la santé des populations. De l’avis d’une sage-femme qui a requis l’anonymat, parmi les principaux déterminants de la propagation du VIH/SIDA chez les prostituées et leurs partenaires, il y a entre autres la méconnaissance sur la campagne de sensibilisation contre la transmission du VIH/SIDA, l’analphabétisme, la pauvreté, la violence, le harcèlement moral et physique.
Et l’État tchadien dans tout ça
A la lumière de ce constat, le pouvoir public est interpelé à se pencher un peu plus sur le phénomène qui prend de l’ampleur non seulement à Moundou, mais également dans d’autres villes du Pays. La prostitution est interdite au Tchad certes, mais il faut mettre sur pied une batterie de mesures afin de trouver une solution à la situation des travailleuses du sexe surtout les mineures.