Au moment où les plus hautes autorités s’investissent pour contrecarrer le phénomène de chômage en milieu jeune, le Maire de la ville de N’Djamena, Ali Haroun s’adonne à une campagne de nettoyage qui détricote tous ces efforts au nom de l’embellissement de la capitale. Sa tournée dans quelques quartiers de la ville, si elle est salutaire en matière de l’embellissement, a été dévastatrice pour les petites et moyennes entreprises. Cela nécessite qu’on s’interroge vraiment. Analyse
Quoi de plus normal qu’un Maire comme Ali Haroun, trois fois à la tête de cette commune, puisse initier une campagne de nettoyage afin d’embellir l’image de la ville qu’il aime tant. Tout le monde lui reconnait cela. Il veut donner à la ville de N’Djamena un bon visage. On dira la vitrine de l’Afrique et personne n’est contre ce slogan qui frise le ridicule.
Ce n’est un secret pour personne que N’Djamena est la seule capitale des pays de l’Afrique centrale à ne pas disposer d’un réseau d’évacuation des eaux de pluie ou usées. Pire aucune initiative sérieuse n’est à l’ordre du jour pour trouver une solution à ce problème cruciale. Depuis plusieurs années, la Mairie de N’Djaména et les différentes Communes d’Arrondissement ont excellé dans la mauvaise gestion de leurs circonscriptions. Aucune initiative sérieuse. Des attributions complaisantes et sans normes d’espaces publics, etc.
Alors beaucoup d’opérateurs et des petites structures exercent sur les espaces attribués par le soin des autorités communales, le Maire Ali Haroun a décidé de nettoyer tout ce désordre créé pendant plusieurs années. À la tête d’une forte délégation composée pour la plupart de ces mauvais gestionnaires des biens de l’Etat, il dégage depuis plus de trois semaines, entreprise exerçant sur autorisation des Communes et d’autres pauvres débrouillards vendant des articles sur les bords des grandes artères, juste pour arrondir les journées, puisque tenus par une précarité sans pareil.
Une action pas vraiment opportune
Ali Haroun est revenu à la tête de la Mairie de N’Djamena pour la troisième fois. Ce qui équivaut probablement à une décennie d’année. Pour cette fois-ci, il décide de remettre de l’ordre. Une action saluée par la majorité des Tchadiens, même si certains s’interrogent sur le motif réel et le moment choisi. L’on continue à s’interroger sur les mesures d’accompagnement qui manquent à l’appel pour aider ces jeunes à orienter leurs activités vers d’autres secteurs. Lorsque toute cette démolition génère des pertes matérielles pour ces personnes, l’on se demande que feront-ils ? Surtout que la plupart fonctionnent avec des autorisations accordées par des Maires de Communes.
De ce constat, les Communes qui ont accordées ces espaces et qui d’ailleurs perçoivent leurs taxes vont-elles réparer les victimes ? Toutes ces questions restent posées, pendant ce temps le flou reste entier sur les compétences entre les Maires communaux et celui de la Mairie centrale.
Ce chantier de démolition, s’il venait à continuer sans mesure d’accompagnement, il n’est pas sans conséquence entre les autorités et les citoyens qui souffrent déjà de beaucoup de maux. Déjà que les élus locaux ont toujours répondu aux abonnés absents au moment des inondations qui, plus, préoccupent toute la population. Il convient donc que cette préoccupation régulière des populations soient prises en compte dans les initiatives de la Mairie plutôt que celles qui vont à l’encontre du citoyen de N’Djaména, surtout que ça n’est pas un besoin pressant.
Il serait souhaitable que les plus hautes autorités du pays trouvent une solution à cette vague de ce qu’on appelle « dégagisme » contre des pauvres débrouillards, afin d’éviter une crise de confiance entre les jeunes et le conseil militaire de transition. Car, le moment semble être mal indiqué pour qu’une crise sociale naisse.