Tchad : Du surplace, 100 jours après l’amorce de la transition

Editorial : Azoudoum Aweina Gédéon

Ce 28 juillet 2021, le Conseil militaire de transition (CMT), compte les cent jours. 100 jours à la tête du pays. Après avoir pris le pouvoir dans un contexte sécuritaire tendu suite au décès tragique du Président Deby Deby Itno, lors des combats contre les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Nord du Tchad.. Les jours passent et se ressemblent pratiquement. La raison, les uns et les autres font du surplace au pays.

Au regard de l’évolution, des dynamiques politiques et sociales au pays ce dernier temps, surtout avec le spectacle peu amen qu’a offert les leaders des partis politiques de l’opposition et les jeunes lors d’une rencontre avec le ministre de la réconciliation dans un l’hôtel de la place, la semaine dernière, à l’occasion de la désignation des représentants de chaque corporation pour former le comité d’organisation du dialogue national inclusif à venir. Et les séries des manifestations des diplômés sans emploi, des retraités, de la coalition ‘’Wakit tamma’’, il paraît difficile de croire que l’atmosphère est véritablement favorable pour une réconciliation. La gravité de ces différentes situations inquiète plus d’un tchadien par rapport à l’avenir de la transition.

Pourtant, la période transitoire est un moment opportun de mutation et d’ouverture. Or, le conseil militaire de transition est resté droit dans ses bottes et n’entend pas tendre la main à certains contestataires ou ne fait pas assez d’efforts pour casser le thermomètre.

Pour reprendre le polonais et américain Adam Przeworski, Professeur de sciences politiques,« pour réussir une transition, il faut une rupture avec l’ancien système ». Or, depuis le 20 avril 2021, il est à constaté que le CMT s’inscrit dans la même logique que l’an régime MPS qui a la manie de tourner en bourrique les Tchadiens. L’on assiste au retour des mêmes mœurs politiques qui ne cessent de faire descendre les Tchadiens dans la rue et cristalliser les tensions, à savoir les pratiques clientélistes, le népotisme, la corruption, etc.

En conséquence, au lieu d’avancer, si les uns qualifient la période du CMT qui compte aujourd’hui 100 jours de pré-transition, ceux qui ont choisi de participer au processus se mettent en rang de boxe pour se battre physiquement, s’inscrivent par leur posture à une stagnation de la situation qui sera dommage à tout le Tchad.

A l’allure où vont les choses, il est même difficile de savoir à quel niveau rythme la transition. Puisqu’il y a plus de divergence que les discussions pour voir se matérialiser la facette du dialogue national attendu, qui devrait marquer le départ de la transition dont les contours et les aboutissements seront désormais dessinés. Même cette rencontre, rien que la terminologie ne fait pas d’unanimité. Elle demeure un suspens complet, s’il faut tenir compte de la posture des uns et des autres.

Les chantiers de la transition sont nombreux pour aboutir à des élections dont l’aboutissement pourra consacrée une désescalade. Mais à cette phase, à y scruter de près, il faut se garder d’être plus optimiste quant à l’issue de cette transition. Il y a l’impression que les uns et les autres n’ont pas tous mesuré les enjeux, et les positionnements pour des intérêts égoïstes persistent. Conséquence, il y a plus de nominations d’avancée dans le processus. C’est pourquoi, si le 20 avril 2021, c’était le début de l’inquiétude sur l’avenir politique du Tchad, aujourd’hui, 28 juillet, soit 100 jours après, cette inquiétude n’est pas dissipée.

La route ne semble pas balisée. Il faut encore plus d’efforts, à tous égards, dans les jours à venir, afin de favoriser l’optimisme du plus grand nombre de Tchadiens. Et c’est évidemment à ce prix, l’on peut parler de la rupture, donc de la transition.

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