Depuis des semaines, la République Tchadienne est confrontée à une pénurie de ciment, entraînant une hausse significative des prix sur le marché. Le sac de ciment de 50 kg, vendu autrefois entre 8 000 et 8 500 Fcfa a atteint la barre de 13 000 Fcfa si on en trouve.
La situation reste préoccupante à plus d’un titre. D’où la sortie de la direction de la société Ciments de l’Afrique (Cimaf) qui contrôle le marché tchadien du ciment. Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer les fleurs du mal. D’abord les couts de transit imposés par le Cameroun par qui la matière première passe. « Cette situation résulte principalement d’une nouvelle réglementation imposée sans préavis par les autorités camerounaises aux transitaires », allusion faite au transport du clinker, qui transite par le port de Douala et dont les modalités de transport sur le corridor Douala-Ndjamena ont subi unilatéralement des modifications bien contraignantes : « les nouvelles dispositions exigent désormais une caution bancaire pour toute marchandise en transit, en remplacement de la caution d’assurance qui était en vigueur jusqu’alors » et cette modification entraîne « des délais significatifs dans l’acheminement des matières premières essentielles à la production du ciment, notamment le clinker », explique les responsables de Cimaf Tchad. Pour la direction encore il s’agit d’une « caution bancaire pouvant nécessiter entre deux et cinq semaines avant d’être délivrée, cette exigence retarde considérablement, l’arrivée des camions transportant ces matières premières », précision faite.
Plus de 100 camions chargés attendent être déclarés
Pour comprendre la gravité des faits, on explique que plus de cent camions chargés attendent être déclarés à la douane camerounaise : « À ce jour, plus de cent camions chargés sont en attente de leurs déclarations douanières », toute chose qui impacte directement « l’approvisionnement de CIMAF Tchad », affirme-t-on à Cimaf Tchad où les dispositions ont été prises pour gagner en temps. Et même jusque-là, des goulots d’étranglement persistent. « Afin d’atténuer cette difficulté, nous avons initié des acheminements par voie ferrée jusqu’à N’Gaoundéré. Toutefois, ces arrivages accusent un retard en raison de l’indisponibilité des wagons de Camrail, conséquence d’un incident survenu sur la voie le 17 février dernier. Cette situation ajoute une incertitude supplémentaire quant aux délais de livraison », lit-on dans la note d’explication.
La production est faite au minima

En dépit donc des difficultés inhérentes, la production est faite au minima. Et les priorités dans l’approvisionnement du marché ont été définies, selon nos sources de façon concertée. Ainsi donc priorité a été donnée aux entreprises Btp pour les travaux de butinage des routes : « les entreprises de BTP, notamment celles engagées dans les travaux de butinage des routes, ont reçu des financements à la mi-janvier 2025 avec une obligation d’exécution des travaux avant la saison des pluies, conformément aux instructions des plus hautes autorités. De ce fait, dans la distribution des sacs de ciment, la priorité est actuellement accordée aux compagnies de BTP, tout en veillant à un approvisionnement équilibré des revendeurs », une information confirmée dans les couloirs du ministère tchadien du Commerce et de l’Industrie. Mathieu Guibolo Fanga a voulu se rassurer que le cahier de charge que le gouvernement prescrit à la société CIMAF qui était de ravitailler le ciment aux entreprises BTP, soit respecté et qu’il n’y ait pas rupture de ciment au Tchad et que cela ne débouche non plus pas sur l’augmentation du prix au marché.
La spéculation allait être inévitable
Et comme il fallait bien s’attendre, la spéculation allait être inévitable : « certains revendeurs, mécontents, profitent des tensions sur l’offre pour spéculer sur les prix et maximiser leurs bénéfices, ce qui explique l’augmentation des prix du ciment observée sur le marché », nous révèle la note.
Bref, tout est mis en œuvre pour un retour à la normale. Les autorités tchadiennes sont en train de vouloir diversifier le secteur de la cimenterie à travers l’arrivée d’autres entreprises pour remédier à l’avenir la situation actuelle nous a dit une source bien introduite. D’ailleurs on est loin de parler de la « pénurie du ciment. C’est juste une situation conjoncturelle », nous a-t-on rassurés.