Rien ne va plus entre diplomates à Khartoum. L’Ambassadeur de l’Union africaine et le gouverneur du Darfour, un allié de la junte au pouvoir depuis le coup d’État du 25 octobre, ont violemment dénoncé les discussions parallèles visant à faire dialoguer les militaires et l’opposition civile.
Coup de tonnerre ce 21 à Khartoum. L’Ambassadeur de l’Union africaine, Mohamed Belaïche, n’est pas passé par le dos de la cuillère pour cracher le morceau. Les manœuvres dilatoires qui surplombent les négociations en cours à Khartoum dans le cadre du dialogue tripartite. Au cours d’un point de presse de dernière minute, il annonce rien de moins que son « retrait » du dialogue tripartite initié avec l’ONU et l’organisation régionale Igad. « L’Union africaine ne peut pas poursuivre ces discussions malhonnêtes, opaques, qui écartent des participants ou les traitent de façon injuste », dit-il. Un retrait « de certaines activités » seulement, a toutefois précisé le diplomate.
« Malhonnêtes », « opaques »… Pourquoi de telles déclarations ? Un élément de réponse a été au même endroit, devant les mêmes micros, par Minni Minnawi, le Gouverneur du Darfour et chef d’un ancien groupe rebelle désormais allié à la junte militaire, que l’ambassadeur de l’Union africaine venait de rencontrer. « Il y’a des discussions parallèles qui ont pour seul dessein d’écarter un nombre important d’acteurs politiques des discussions » informe-t-il. Et le Gouverneur de continuer « sous la table même – entre les Forces de la liberté et du changement, la principale coalition de l’opposition civile, et une délégation de militaires, sous le patronage des États-Unis et de l’Arabie saoudite. Une première réunion inédite avait eu lieu le 10 juin et une nouvelle invitation a été lancée pour une nouvelle rencontre» conclut-il. Mais l’Union africaine et Minni Minnawi sont formels : selon eux, ces discussions parallèles sont de nature à exclure des acteurs politiques majeurs, ce qui provoquerait une éventuelle crise.