Le Conseil de sécurité de l’ONU a annoncé la prolongation du mandat d’un panel de quinze experts envoyés au Soudan jusqu’au 12 mars. Ce groupe devra notamment fournir une analyse de la situation au Darfour tandis que Khartoum devra également faire le point sur l’application de l’accord de paix signé avec les rebelles en octobre. Un accord envers lequel les déplacés de la guerre n’ont pas confiance. Reportage dans le camp de déplacé de Kassab, au nord du Darfour.
Distribution de nourriture du Programme alimentaire mondial : Sitannisa Ismaël Abdallah tient ses sacs à la main en attendant patiemment son tour. Près de quinze ans après avoir fui son village, elle refuse de rentrer chez elle : « Je n’ai plus de terre là-bas. Je suis heureuse dans le camp. J’ai tout ce qu’il faut pour survivre et subvenir aux besoins de ma famille. Je me sens en sécurité ici. »
Le paradigme est tout autre pour Ibrahim Mahamat Souleymane. Avec deux épouses et seize enfants, il confie son mal-être au camp de Kassab : « La plupart de mes enfants sont nés ici, mais je ne me sens pas chez moi. C’est comme une prison. Malheureusement dehors rien n’a changé. Vous pouvez sortir et être encore attaqué. J’ai fui pour sauver mes enfants. Je ne veux pas les remettre en danger. »
Une insécurité montante
En effet, depuis plusieurs mois l’insécurité monte avec des affrontements tribaux et des villages détruits par des hommes armés. Le PAM, qui aide environ 17 000 personnes à Kassab, s’inquiète.
« Il y a des incidents depuis juillet 2020. Ça fait peur aux déplacés qui ne peuvent plus sortir cultiver. Ça touche leur vie quotidienne par exemple lorsqu’ils veulent aller collecter du bois de chauffage et des pâturages pour le bétail », explique Mohamed Imam, représentant de l’organisation au camp.
Une inquiétude et un niveau de violence qui pour l’instant rendent impossible tout programme de retour massif des déplacés.
Avec RFI