Soudan : Le Tchad refuse d’être le bouc émissaire d’un brasier sans fin

Accusé de complicité dans la guerre qui ravage son voisin, N’Djamena brise le silence. Entre démentis cinglants et réalités humanitaires criantes, le gouvernement tchadien dénonce une mise en scène grossière visant à transformer la victime en coupable.

Le ton n’est plus à la diplomatie feutrée, mais à l’offensive frontale. Face aux accusations portées par l’ONG « Priority Peace Sudan » devant la Cour pénale internationale (CPI), le ministère tchadien des Affaires étrangères a dégainé, ce 18 décembre 2025, un communiqué au vitriol. Pour N’Djamena, l’équation est simple : Khartoum cherche à exporter ses échecs pour ne pas avoir à les assumer chez lui.

L’écran de fumée du désespoir

Le porte-parole du ministère, Ibrahim Adam Mahamat, n’a pas mâché ses mots en qualifiant ces allégations de « grotesques ». Pour les autorités tchadiennes, pointer du doigt le Tchad dans le soutien aux Forces de soutien rapide (FSR) revient à accuser un pompier d’avoir allumé l’incendie qu’il tente désespérément d’éteindre.

C’est une tactique vieille comme le monde : quand le navire sombre, le capitaine cherche un récif imaginaire pour justifier le naufrage. N’Djamena voit dans cette saisine de la CPI une « manœuvre de diversion », un rideau de fer médiatique censé occulter les méthodes de guerre prohibées et l’ombre grandissante du terrorisme qui plane sur les rangs du pouvoir soudanais.

Le Tchad : Une terre d’asile sous apnée

Les arguments de N’Djamena ne sont pas que politiques, ils sont comptables et humains. Comment accuser de belligérance un pays qui ploie sous le poids de la fraternité ?

Il faut préciser qu’avec 1,5 million de réfugiés , c’est une ville entière qui s’est déplacée sur le sol tchadien. Tandis que le Soudan s’autodétruit, le Tchad sacrifie ses ressources, ses terres et son équilibre environnemental pour offrir un toit à ceux qui n’ont plus rien.

Le Tchad n’est pas un acteur du conflit, il en est le réceptacle douloureux. Prétendre le contraire, c’est nier la réalité des camps de l’Est où la solidarité tchadienne est le seul rempart contre la mort.

L’arroseur arrosé

Loin de se contenter de se défendre, le Tchad contre-attaque. Le ministère pointe une « fuite en avant » d’un régime de Khartoum aux abois, soupçonné d’utiliser des armes chimiques et de s’allier à des mouvements radicaux.

« La responsabilité du chaos incombe à ceux qui ont choisi le fer plutôt que le dialogue », martèle le communiqué.

En désignant le Tchad, Khartoum tente de transformer son voisin en un « bouc émissaire extérieur » idéal pour justifier une militarisation à outrance. Mais pour N’Djamena, la vérité est têtue : on ne peut pas cacher le soleil avec la main, ni masquer une guerre civile derrière une plainte infondée.

L’honneur d’une nation

En réaffirmant sa stricte neutralité, le Tchad lance un défi à la communauté internationale : celui de ne pas se laisser berner par des « tentatives désespérées ». Ce bras de fer diplomatique est plus qu’une simple dispute de voisinage ; c’est le cri d’un pays qui refuse de voir son honneur diplomatique souillé alors qu’il porte, presque seul, le fardeau humanitaire d’une région en flammes.

Alors que les balles continuent de siffler de l’autre côté de la frontière, N’Djamena reste debout, mais prévient : la patience de la victime a ses limites.

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