Le président français est, pour la première fois, au Rwanda ce jeudi 27 mai 2021. Il a visité le Mémorial du génocide de Gisozi où plus de 250 000 personnes sont enterrées. C’est le moment très fort de ce déplacement. Une visite après laquelle le chef de l’État français a pris la parole pour un discours très attendu. Il ne présente pas les excuses de la France. Il évoque « nos responsabilités de la France.
Personne n’imaginait que cette visite se soit passée cordialement. Macron devient seulement le deuxième président français à voyager au Rwanda. Depuis 1994, année du génocide des Tutsis en 1994. Le discours du président français, devant le Mémorial de Gisozi, a duré à peine 20 minutes. Il a parlé de l’horreur, « l’éclipse de l’humanité » qu’a constitué le génocide des Tutsis, la « traque implacable » de « ceux dont, nous n’avons écouté la souffrance ni avant ni pendant ni même après. ».
Pour autant, pas de pardon ni des excuses. Il ne dit pas non plus que le gouvernement français de l’époque était complice. Pourtant, des excuses qui attendues par certaines personnalités au Rwanda. « Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France. Elle n’a pas été complice. Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats qui ont, eux aussi, vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures et étouffé leurs larmes. »
Le devoir de mémoire oblige Macron et renvoie l’ascenseur au gouverne rwandais de l’époque. « La France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda. Et elle a un devoir : celui de regarder l’Histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de vérité. En s’engageant dès 1990 dans un conflit dans lequel elle n’avait aucune antériorité, la France n’a pas su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter le pire. La France n’a pas compris que, en voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire. », dit-il d’un ton nostalgique.
Seul le pardon des morts vaut !
La France ne peut donc demander pardon, un pardon qui n’aurait même pas d’effet. « Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner. », affirme le président français avec allégorie. Macron insiste encore sur la nécessité de travailler à rétablir la vérité « En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître l’ampleur de nos responsabilités. C’est ainsi poursuivre l’œuvre de connaissance et de vérité que seule permet la rigueur du travail de la recherche et des historiens. En souhaitant, qu’aux côtés de la France, toutes les parties prenantes à cette période de l’histoire rwandaise ouvrent, à leur tour, toutes leurs archives ».
Pour Macron, la reconnaissance de ce passé est une responsabilité « Reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’œuvre de justice. En nous engageant à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges. »
Alors que le chef de l’Etat français affirme « une alliance respectueuse, lucide, solidaire et mutuellement exigeante entre les jeunesses française et rwandaise », le président Paul Kagamé n’a pu que se satisfaire en tranchant que « les mots de Macron ont plus de valeur que des excuses ».