Rentrée scolaire au Tchad : parents entre espoir et colère

À peine la rentrée scolaire annoncée au Tchad que déjà, les salles de classe sonnent creux. Une grève des enseignants paralyse une fois de plus le système éducatif, laissant les enfants à la maison et les parents dans l’incertitude.

« On a tout acheté pour la rentrée. Uniformes, cahiers, frais de scolarité… et voilà que nos enfants traînent à la maison », déplore Amina, mère de trois enfants, visiblement épuisée moralement.

Au cœur de la colère parentale se mêle un profond sentiment d’abandon. « À quoi bon parler de développement si l’école, base de tout progrès, est constamment en crise ? », interroge ZLAMNGOLO MATNA Joël, fonctionnaire et père de famille.

Pendant ce temps, les élèves, ceux qui le peuvent errent entre les chaînes de télévision, les téléphones et les rues. Les autres, eux, s’éloignent un peu plus chaque jour du rêve d’un avenir meilleur.

Alors que le bras de fer se poursuit entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement, la paralysie gagne du terrain. Les établissements catholiques ainsi que certains établissements privés, notamment le Lycée-Collège Évangélique, ont décidé d’entrer eux aussi en grève de solidarité de quelques jours la semaine dernière espérant une solution rapide pour leurs collègues du public, chose qui malheureusement n’a pas été le cas. Les tiraillements vont bon train.

Un geste fort de la part des enseignants du privé, destiné à exprimer leur soutien aux revendications de leurs collègues du public, mais aussi à dénoncer un malaise généralisé dans le secteur éducatif.
Cette convergence inédite des acteurs de l’éducation, toutes catégories confondues, témoigne de la profondeur de la crise : elle n’est plus seulement une affaire d’arriérés ou de primes impayées, mais le reflet d’un système à bout de souffle.

La tension est d’autant plus palpable que des divisions apparaissent au sein même du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET). Le Bureau National a récemment lancé un appel à la reprise des cours, mais cette position est loin de faire l’unanimité. Le Bureau Provincial du SET de N’Djamena, plus ferme, prolonge la grève pour revoir le décret 477, considéré comme l’un des points de blocage majeurs.

Le conflit se creuse entre les appels officiels à reprendre les cours, les promesses gouvernementales, et la perception qu’il n’y a pas encore assez de mesures concrètes, l’équilibre est fragile. Ce sont les enfants et les parents qui sont, une fois de plus, les victimes silencieuses d’un bras de fer institutionnel.

Par : MINSOUMA ABOYE Jesse/ stagiaire

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