Alma Rachida, est une tchado-camerounaise, âgée de 42 ans, elle a été chassée de son mariage après avoir perdu 3 enfants, mort de suite de choléra. Une histoire triste.
« Je me suis mariée il y a 10 ans, j’avais alors 32 ans à cette époque. Deuxièmement femme, dans un foyer polygamique de 5 épouses, j’ai eu des jumeaux la première année de mariage. Deux filles. La seconde année, j’ai eu un garçon, le seul d’ailleurs, parmi les 16 enfants de mon mari. »
« Quand mes enfants ont eu l’âge de 5ans et 2ans je me suis rendu voir ma tante au Cameroun. C’est ainsi que j’y suis arrivée à Maroua, et je restais dans la périphérie de la ville de l’Extrême-Nord Cameroun. Au quartier mesquine. Mon quotidien était d’aller aider ma tante tous les jours au Marché abattoir de Maroua dans son commerce. Notre étalage se trouvait à l’entrée du marché où on vendait : légumes, fruit. » La difficulté, était lorsqu’on rentrait le soir. « Je n’avais pas assez de force pour faire un repas digne à mes enfants, ce qui faisait que la plupart du temps, ils consommaient les carottes crus sortie du marché en attendant qu’on fasse un repas. Généralement, je ne prenais pas la peine de les laver. Ou encore, je pouvais simplement les faire passer dans de l’eau simple puisée au Mayo (rivière) ».
La contamination
Pendant pratiquement 1 mois et plus mes enfants et leurs cousins ont vécu ainsi. Car c’était la période d’écoulement des produits des champs de ma tante. « Un jour, je rentre du marché, je trouve une des jumelles dans la cours, fatiguée, car aillant vomit tout la journée. Très affaiblit, elle n’arrive pas à parler, c’est ça sœur qui m’explique son cas. Elle a vomi plusieurs fois en journée, le voisin a fait bouillir des feuilles, et lui a donné un verre de la potion et elle a but. Mais malgré tout, elle continuait de vomir. Je constate, alors qu’elle a déféqué sur elle. Pris de panique, je suis allé en pharmacie, acheté des produits pour les verres et la diarrhée. À mon retour, je trouve la deuxième qui a les mêmes symptômes. Ma tante chauffe de l’eau avec les feuilles de neem. Fait boire la potion aux enfants et les lave avec. J’ajoute les médicaments de la pharmacie et peu près elles s’endorment. Sauf que ce jour, elles ne se sont plus réveillées. J’avais alors perdu mes jumelles. N’ayant jamais consulté un médecin, j’ai voulu protéger le dernier en le déparasitant, sans aller à l’hôpital. Une semaine après, lui aussi a débuté, avec mon cousin, finalement, j’ai pris le courage à aller à l’hôpital, les médecins ont signalé l’urgence de choléra. ». Ce même jour une descente a été faite au domicile. « Toute la maison de ma tante a été mise en quarantaine et le quartier en alerte. Cette année, on a été les premiers cas de choléra signalé à l’extrême-Nord Cameroun ».
L’hygiène nous protège du choléra
Une histoire triste qui met en avant l’hygiène dans nos maisons et autour de nous. Ce drame met en relief, l’importance de rendre l’environnement sain. Laver les aliments avant de les manger et toujours bien se laver les mains et l’avant-bras avant de toucher les aliments. Le nettoyage se fait avec de l’eau, du savon ou du Javel ou autre produit désinfectant. Bien plus, l’histoire de Rachida, nous interpelle à toujours se rendre dans un hôpital ou centre de santé lorsqu’on se sent malade. Surtout en cas de vomissements, du mal au ventre, fatigue, gorge sèche ou affaiblissement du Corps : car ce sont les symptômes du choléra.
Selon les dires de cette jeune dame, rencontrée dans une voiture en commun en partance pour Kousseri, « une fois rentrée chez elle, auprès de son mari, au Tchad, elle a été traitée de sorcière. Et son époux l’a mise à la porte ». Sans, enfants, ni mari, désormais elle n’avait plus de choix que de rentrer chez ses parents. De retour en famille, elle a été rejetée par son papa. Et finalement, est retournée chez sa maman. « Ma mère m’a consolé, et depuis ce jour, je vis avec ma mère. Je n’ai plus eu de mari, ni d’enfants. Aujourd’hui cette douleur continue de me hanter. Que toutes ces femmes, comme moi, soient vigilantes dans l’alimentation de leurs enfants. Car un seul faux geste peut tuer, toute une famille ».