Pénurie de gaz domestique au Tchad : le calvaire invisible des ménages et des femmes

À N’Djamena comme dans les provinces, la quête d’une bouteille de gaz est devenue un parcours du combattant. Au-delà des difficultés logistiques, cette crise énergétique fragilise l’équilibre des foyers, pèse sur la santé des femmes et accélère la dégradation de l’environnement.

Au Tchad, l’accès au gaz domestique n’est plus un confort, mais une urgence sociale. Dans les centres urbains en pleine expansion, la rareté du combustible et l’irrégularité de l’approvisionnement ont transformé la préparation des repas en un défi quotidien. Pour de nombreuses familles, le gaz est devenu un luxe financièrement inabordable, les contraignant à se tourner vers le bois de chauffe et le charbon, accentuant ainsi le poids de la vie chère.

Les femmes, premières victimes de la crise

Dans la structure sociale tchadienne, la gestion de la cuisine incombe majoritairement aux femmes. Ce sont elles qui subissent de plein fouet les conséquences de cette pénurie. L’usage de combustibles solides n’est pas sans risque : la fumée toxique expose mères et enfants à des maladies respiratoires chroniques et à des irritations oculaires sévères.

De plus, la quête du bois est une tâche épuisante et chronophage. Ce temps perdu est autant de temps soustrait à l’éducation, aux activités génératrices de revenus ou au repos, maintenant les femmes dans un cycle de précarité physique et économique.

Quand le manque de gaz fragilise les couples

La pénurie s’invite jusque dans l’intimité des foyers, devenant une source de tensions conjugales. Les retards dans la préparation des repas ou l’explosion du budget alloué au charbon génèrent souvent des reproches, voire des conflits.

« La femme est parfois injustement tenue pour responsable d’un problème structurel qui dépasse largement son pouvoir d’action », déplorent de nombreux observateurs sociaux.

Peu impliqués dans la recherche de solutions alternatives, certains hommes laissent peser toute la pression psychologique sur leur conjointe. Ce sentiment d’injustice et cet épuisement moral peuvent, dans les cas les plus graves, mener à des violences psychologiques, ébranlant ainsi l’harmonie familiale et le bien-être des enfants.

Un désastre écologique imminent

L’impact de cette crise dépasse les murs de la maison. La dépendance accrue au bois de chauffe accélère la déforestation, un fléau qui nourrit la désertification galopante au Tchad. Chaque bouteille de gaz manquante est un arbre de plus qui tombe, menaçant durablement l’écosystème du pays. L’accès à l’énergie devient alors un enjeu de sécurité environnementale autant que sociale.

L’urgence de solutions durables

Face à ce constat alarmant, une intervention étatique rigoureuse est nécessaire. Pour alléger le quotidien des Tchadiens, plusieurs leviers doivent être actionnés :Une régulation stricte des circuits d’approvisionnement pour éviter la spéculation ; Un soutien ciblé aux ménages à revenus modestes ; la promotion d’alternatives telles que les foyers améliorés ou l’énergie solaire.

Investir dans l’accès universel au gaz domestique, c’est bien plus que faciliter la cuisson des aliments : c’est préserver la santé publique, protéger l’environnement et restaurer la dignité des femmes tchadiennes, piliers de la stabilité sociale du pays.

Houda Chado/Stagiaire

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