Mini-bus à N’Djamena : incivisme au volant et menace pour les passagers

Dans la capitale tchadienne, les bus commerciaux, censés faciliter la mobilité des habitants, sont devenus une source d’inquiétude. Conduite imprudente, absence de formation, conditions de travail précaire. Les usagers eux dénoncent un véritable chaos routier qui met chaque jour des vies en danger.

Chaque jour, dès l’aube, les rues de N’Djamena se remplissent du ronronnement des moteurs et du tintement des klaxons. Au milieu de ce vacarme, les bus commerciaux, appelés communément « cars » , se faufilent entre motos, taxis et piétons. Ces véhicules, censés faciliter la mobilité des habitants, sont souvent devenus synonymes de stress et de danger. Entre manque de formation, incivisme et course au gain, la conduite de ces chauffeurs suscite de plus en plus de colère et d’inquiétude parmi les usagers.

Des routes transformées en zones de non-droit

Les conducteurs de ces bus doublent parfois par la droite et manquent de heurter souvent soit un piéton soit un motocycliste. Scène banale pour les habitants de la capitale. Nous sommes à N’Djamena, les chauffeurs de « cars » semblent régir la route à leur manière, ignorant souvent les feux de signalisation et les règles de priorité. «Ils roulent comme s’ils étaient seuls sur la route. Parfois, ils freinent brutalement ou s’arrêtent brusquement pour prendre des passagers», se plaint Adam Mahamat.


Pour beaucoup de N’Djaménois, prendre le car est une nécessité quotidienne, mais rarement un moment de sérénité.
«On monte avec la peur au ventre. Les chauffeurs roulent trop vite, parlent au téléphone ou disputent avec leurs apprentis pendant qu’ils conduisent», raconte Abakar Oumar, étudiant à l’université Émi-Koussi/Gassi

Marie Ayida, mère de famille, habitant le quartier Ngonba témoigne également : «Un jour, notre car a failli se renverser dans un virage à cause de la vitesse. Nous avons crié, mais le chauffeur a ri. Il a dit qu’il connaît la route mieux que tout le monde.». Ces scènes traduisent une frustration croissante face à un système où le confort et la sécurité des passagers passent au second plan.

Le profil des chauffeurs : jeunes, précaires et peu formés

La plupart de ces conducteurs sont de jeunes hommes, souvent issus de milieux modestes. Beaucoup ont appris à conduire sur le tas, sans formation professionnelle ni véritable connaissance du code de la route. Un usager rencontré, qui a préféré garder l’anonymat, confie :
«Ils conduisent comme ils peuvent. Certains sont les enfants qu’on a vus grandir ici au quartier, ils ont abandonné l’école. Ils étaient d’abord des apprentis, du coup on les voit au volant. On se demande s’ils ont été à l’auto-école ?».


Un autre citoyen raconte son ras-le-bol en confirmant que ces jeunes ne disposent pas d’autorisation de conduite
«Certains ne possèdent même pas de permis de transport en commun, faute de moyens pour suivre une formation officielle»
Pour les conducteurs , cet excès de vitesse n’est pas seulement une question de comportement, mais aussi de conditions de travail précaires. «Les patrons veulent qu’on fasse le maximum d’allers-retours dans la journée. Si tu traînes, tu gagnes moins», confie sous l’anonymat l’un d’eux.

Ces raisons économiques qui alimentent le désordre dans un secteur dominé par la débrouille, les chauffeurs et apprentis dépendent souvent du nombre de passagers transportés pour leur revenu quotidien. Résultat : ils roulent à vive allure, s’arrêtent n’importe où pour embarquer des clients, et multiplient les infractions. Sur les sièges qui sont censés prendre normalement quatre (4) personnes, l’on constate le contraire, cinq (5) ou six (6) personnes assises non à l’aise, mais on n’a pas le choix.

Un besoin de civisme et de responsabilité collective

Au-delà des chauffeurs, la responsabilité est collective. Les propriétaires de « cars » , les autorités de régulation et même les passagers doivent exiger plus de discipline et de respect du code de la route. Car sur les avenues de N’Djamena, chaque coup de klaxon trop long, chaque dépassement imprudent est une menace pour tous. Et si rien ne change, la route continuera à faire des victimes. Comme le dit un dicton populaire : «La route ne tue pas, mais c’est nous qui tuons».

MINSOUMA ABOYE Jesse/stagiaire

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