Le nouveau rapport du secrétaire général des Nations unies sur la Centrafrique vient d’être rendu publique. Il y décortique les évènements survenus depuis le 12 octobre et fait le point sur la période pré et post-électorale. La RCA a été confrontée à une hausse importante des violences pendant la période électorale avec la formation d’une nouvelle coalition armée qui a mené une offensive sur Bangui et perturbé le scrutin.
Le secrétaire général considère dans ses observations qu’il était « essentiel » que les élections se tiennent « dans les délais constitutionnels ». Et d’assurer que « la République centrafricaine se trouve à un tournant décisif ».
« La violence électorale a entraîné des violations généralisées des droits de l’homme », affirme ce rapport. Il relève une augmentation de plus de 60% de violations des droits de l’homme entre octobre 2020 et février 2021. Des violations imputables aux groupes armés mais aussi aux agents de l’État dont l’application du couvre-feu national « s’est traduit par des recours disproportionnés et excessifs de la force ».
Selon le rapport onusien, « les effectifs de la Minusca ont été mis à rude épreuve, tandis que la pression sur la Mission s’intensifiait en raison des défections et désertions généralisées des forces de sécurité nationales ». Le secrétaire général plaide pour « renforcer la gouvernance du secteur de la sécurité » et pour « un processus de réforme efficace ».
Le déploiement de troupes au titre d’accords bilatéraux a permis de faire face à la situation reconnaît le secrétaire général – sans jamais citer ni la Russie ni le Rwanda. Néanmoins, il appelle à une meilleure coordination entre les partenaires en charge de la sécurité « afin de garantir la protection des soldats de la paix et de faciliter l’accès humanitaire ». La Minusca a dû assumer « une part du fardeau plus importante que prévue » au cours de ces derniers mois, affirme-t-il. Parmi ses observations, il recommande l’augmentation des effectifs de la mission onusienne. Le secrétaire général demande un supplément de 2 750 militaires et 940 policiers ce qui porterait au total la mission à plus de 17 000 les forces de la mission pour notamment « inverser la tendance ».
Le rapport souligne enfin l’aggravation de la crise humanitaire. Plus de la moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire aujourd’hui. Les incidents contre les acteurs humanitaires sont en progression. En janvier 2021 : 66 incidents ont été répertoriés, c’est le plus grand nombre jamais enregistré. En 2020, ce sont 424 incidents qui ont eu lieu faisant 3 morts et 29 blessés. Depuis la mi-décembre, environ 240 000 personnes supplémentaires ont été déplacées en « raison des violences liées aux élections ». La moitié de ces déplacés n’a pas encore pu rentre chez elle.