Le mouvement de protestation entamé ce 30 novembre par les avocats camerounais met en lumière une crise latente qui les oppose depuis plusieurs années aux autorités judiciaires.
Plus aucune robe noire, ou presque, dans la salle des pas perdus. Depuis lundi, et jusqu’à ce vendredi 4 décembre, les avocats camerounais ont décidé de déserter les tribunaux. Un mouvement de grève lancé pour dénoncer ce que l’ordre des avocats considère comme une « persécution organisée » à l’encontre de leur corporation, dont les représentants sont « transformés en délinquants ».
La libération, jeudi 26 novembre, de Me Armel Tchuemenge et de Me Richard Tamfu, deux avocats qui avaient été incarcérés une semaine auparavant pour « outrage à magistrat » et « destruction de biens publics », n’a pas suffi à calmer la colère du barreau.
Le feu aux poudres
Si les critiques des avocats à l’encontre de l’exécutif et des magistrats ne sont pas nouvelles, le procès particulièrement houleux qui s’est tenu le 10 novembre au palais de justice de Douala-Bonanjo a mis le feu aux poudres.
Ce jour-là, un prévenu qui encourait une peine d’emprisonnement pour « faux en écriture privée » accuse ses avocats, Me Augustin Wantou Ngueko et Me Christelle Annie Djonkou Messouck, d’avoir perçu la somme de 3 millions de francs CFA pour « négocier » un élargissement auprès de la juge. Courroucés par la condamnation finalement prononcée – 18 mois de prison ferme – , les proches du prévenu réclament alors, en pleine audience, le remboursement de la somme.