Gouvernance en Afrique: la France au centre de tout et une CI silencieuse

Le continent africain est au centre d’un bouleversement politique majeur, marqué par une remise en cause frontale de l’ordre post-colonial et, en particulier, de l’influence française. Notre analyse se penche sur les mécanismes de cette contestation et l’attitude ambiguë des grandes puissances.

Depuis cinq ans, l’ingérence française dans les élections n’est plus seulement une accusation, mais un thème central des discours anti-systèmes. Bien que les mécanismes soient devenus plus subtils – passant de l’appui direct à la validation diplomatique et au soutien financier via des réseaux d’influence –, la perception d’une mainmise reste forte.

Dans des pays comme la Côte d’Ivoire (2020) ou le Gabon (2023), la rapidité de la reconnaissance officielle par Paris, souvent en dépit des doutes sur la transparence des scrutins, a systématiquement renforcé l’idée d’un « blanc-seing » de l’Élysée aux régimes amis.

La France toujours pointée

Cette perception est exacerbée par la crise sécuritaire et les coups d’État récents. La France est désormais systématiquement citée comme la cause ou le bénéficiaire de l’instabilité. Au Mali (2020, 2021) puis au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023), les putschistes ont explicitement justifié leurs actions par le rejet de la présence française, créant un alignement politique entre les militaires et une partie de l’opinion publique.

Face à ce recul de la France, l’attitude de Washington et surtout de Pékin interroge. Pourquoi l’Amérique et la Chine, puissances économiques et militaires mondiales, semblent-elles si souvent suivre, ou du moins ne pas contester ouvertement, les décisions politiques de la France dans ses anciennes zones d’influence ?

L’intérêt de la Chine

La Chine, focalisée sur ses mégaprojets d’infrastructures et d’accès aux ressources, privilégie la stabilité économique et évite une confrontation politique directe. Les États-Unis, concentrés sur la lutte contre le terrorisme et la compétition globale avec la Chine, laissent souvent à la France le rôle de gestionnaire de crise sur le terrain, tant que leurs intérêts sécuritaires ne sont pas menacés.

Le jeu de la CI

l’attitude de la Communauté internationale (CI) face aux fraudes électorales est marquée par l’ambiguïté. Elle dénonce les irrégularités, mais intervient rarement de manière coercitive pour inverser un résultat, préférant une reconnaissance tardive et pragmatique.

Après la dénonciation de fraudes majeures, la CI finit souvent par s’aligner sur la décision du « plus fort » – qu’il s’agisse du pouvoir en place soutenu par l’appareil d’État, ou d’un régime militaire ayant pris le contrôle par la force. Ce pragmatisme est vu par les experts comme une priorité donnée à la continuité des relations diplomatiques et commerciales plutôt qu’à la défense des principes démocratiques.

l’Afrique est dans une phase de rééquilibrage. La contestation de l’influence française est un moteur de changement, mais l’avenir de la gouvernance démocratique dépendra de la capacité des acteurs régionaux et de la volonté des puissances globales de dépasser leur pragmatisme économique et sécuritaire.

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