Selon les débats entretenus par les spécialistes du monde de la finance et de la politique, le faible niveau de développement dans les pays de la zone franc serait en partie justifié par la présence de la monnaie française depuis 1945.
Monnaie commune à 15 pays africains membres de la Zone franc, le Franc CFA est depuis 80 ans un obstacle gigantesque au rayonnement du continent. Au commencement la France créa le Franc des colonies françaises d’Afrique. Le franc des Colonies Françaises d’Afrique (FCFA), voit le jour le 26 décembre 1945. Date très importante qui marque la ratification des accords de Bretton Woods et la première déclaration de parité au Fonds monétaire internationale (FMI) par la France. Par la suite le FCFA sera traduit de façon différente selon les zones d’Afrique où il se retrouve.
C’est ainsi que pour l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), il sera dénommé «franc de la Communauté Financière Africaine» et «franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale» pour l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC).
En fait, le franc CFA a été créé selon l’article 3 du décret n° 45-0136 de la France et publié au Journal Officiel français du 26 décembre 1945. Ce décret a été signé par Charles de Gaulle (père du Franc CFA) en sa qualité de Président du-Gouvernement Provisoire, le Ministre des finances René PLEVEN et par le ministre des colonies Jacques Soustelle. En contrepartie du respect rigoureux de ce principe de centralisation des réserves de change à Paris par les Africains, le Trésor Français s’engage à fournir toutes les sommes dont les Banques centrales africaines peuvent avoir besoin, aussi bien pour leurs règlements à l’intérieur de la zone que pour leurs paiements extérieurs en devises.
Ce qui laisse clairement voire une dépendance des pays de l’Afrique à la France. Elle reste aux commandes de tout et de tous. Plus loin, il faut noter que la BCEAO, la BEAC et la BCC sont soumises à la Banque centrale européenne qui leur dicte la véritable politique monétaire et de crédit ap-pliquée dans les PAZF.
La descente aux enfers

À sa naissance le 26 décembre 1945, 1 FCFA équivaut à 1,70FF (Francs Français). Le 17 octobre 1948, survient la dévaluation du franc Français (FF), 1 FCFA égale à 2,00 FF. Puis, le 1er janvier 1960, on assiste à l’instauration du nouveau Franc Français, conséquence: 1 FCFA = équivaut à
l’Afrique francophone n’a cessé de se déprécier et ceci sans que les Africains n’aient leur mot à dire. Pendant soixante-quinze ans les pays de la zone franc ont rarement été capables d’obtenir, sur toute une décennie, un taux de croissance moyen du PIB réel par tête supérieur ou égal à 1%. Des performances économiques extrêmement faibles et en dessous de la moyenne africaine. Eu égard à cela, il devient donc évident que l’appartenance à la zone franc rime avec croissance économique moyenne faible.
« Si aujourd’hui encore l’Afrique continue à utiliser le FCFA, c’est surement à cause de nombreuses dettes qu’elle redoute de ne pouvoir pas éponger. Ou du moins parce qu’elle ne veut pas se libérer et se sacrifier pour un nouveau départ », affirme Edouard Batonké, universitaire gabonais.
Pour plusieurs économistes Africains, le Franc CFA n’est qu’un moyen pour asservir l’Afrique ses biens; la France selon eux, doit redonner à ce continent ce qui lui revient de droit.
Jacques CHIRAC de son vivant, avait avoué ce qui suit : « On oublie une chose, c’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation depuis des siècles de l’Afrique. Pas uniquement, mais beaucoup vient de l’exploitation de l’Afrique ! Alors il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité, mais de bon sens, de justice pour rendre aux Africains, …ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire si l’on veut éviter les pires convulsions ou les difficultés avec les conséquences politiques que ça comporte dans le proche avenir. Mais jus l’heure actuelle, la France ne semble pas lâcher d’ici peu sa monnaie.
Pour maintenir l’ordre économique du système FCFA, les présidents africains ont été l’outil privilégié, surtout dans les pays riches en ressources naturelles. Ce modèle de contrôle néocolonial repose sur la longévité au pouvoir à la tête de l’exécutif.
La dévaluation du franc CFA appauvrit doublement les exportateurs africains. Les Africains devenus moins compétitifs à cause du FCFA dévalué perdent des parts significatives de leurs marchés étrangers au profit de leurs concurrents mondiaux. Ils perdent beaucoup d’argent lorsque leurs recettes d’exportations sont converties en euros.
Selon des experts qui se sont penchés sur cette question d’appauvrissement et de développement de l’Afrique par le FCFA, « la recette d’exportation des africains de 1.500 000 000 de dollars équivalent à 1 500 000 000 d’euros si un euro est égal à un dollar.
En revanche, cette même recette d’exportation se réduit à 1 000 000 000 d’euros lorsque l’euro s’apprécie et s’échange à 1,5 dollar. On constate ici une perte de change sérieuse des Africains de 500 000 000 de dollars correspondant à 250 milliards de francs CFA.
Cela veut dire que si l’euro vaut demain le double de la devise américaine, les revenus d’exportation des Africains seront amputés automatiquement de leur moitié ». Pour l’éviter, faudrait penser à une monnaie propre aux africains. C’est que la République Centrafricaine a pensé au travers de la cryptomonaie. Ceci avec le « Sango », monnaie numérique. Plus loin, l’Afrique de l’Ouest qui faiblit sur le projet de la monnaie « Eco ».
Vers La fin du FCFA?

La monnaie doit être au service de la croissance et du développement. Pour cela, il faut des crédits. Or le ratio crédit à l’économie sur PIB dans les pays de la zone franc est moins de 30% quand il est de plus de 100% dans la zone euro.
L’accord signé avec la France en 1945, dans le cadre du fonctionnement du compte d’opérations avec le Trésor, était qu’elle couvre l’émission monétaire des pays de la zone franc à hauteur de 20%. Aujourd’hui, l’Afrique la couvre quasiment à 100 %. Cela veut dire que plus besoin de l’« assureur » qu’est la France pour avoir la fixité entre le CFA et l’euro. Certains économistes comme l’ivoirien MAMADOU KOULIBALY, affirment que le FCFA « pénalise les exportations ». Les plus téméraires comme KEMI SEBA n’hésitent pas à bruler un billet de FCFA.
Alors que la zone de l’Afrique de l’Ouest piétine à amorcer un changement (certes mitigé) avec la création de l’ECO qui jusqu’à ce jour n’a jamais été mis sur pied. Les regards sont tournés vers l’Afrique Centrale où la fin des accords monétaires se renforcent de plus en plus. Déjà un mouvement de jeune panafricain militent jour et nuit pour bannir le FCFA. Leur dernier arrêt était au Tchad en fin avril 2025. Ou l’ONG urgences panafricanistes, à N’Djaména a appellé à une mobilisation internationale contre le Franc CFA.
La question qu’on est en droit de se poser est celle de savoir pourquoi les accords restent d’actualité ? ou encore, pourquoi la rupture totale n’y est pas ? Et dans un cas comme dans l’autre, quels en seront les incidences sur le plan économique de ces Etats s’il continue sur cette lancée. Sans vouloir s’avancer dans des spéculations, il faut simplement dire que cette situation sera suivie de très près par les observateurs. Mais il y a un impératif à ce que les Etats africains comprennent la nécessité de s’affranchir véritablement du joug colonial et de s’imposer comme des Etats indépendants et forts avec qui on peut conjuguer, non plus dans une posture de fort à faible, mais avec des partenariats gagnants-gagnants qui profitent à tous.