Droits humains au Tchad : une mobilisation collective pour les essentiels du quotidien

Le 10 décembre 2025, le Tchad a célébré la 77ᵉ Journée internationale des droits de l’Homme sous le thème « Les droits de l’Homme, nos essentiels de tous les jours ». Entre engagement institutionnel, plaidoyer citoyen et mobilisation des médias, cette commémoration met en lumière la volonté nationale de transformer les principes universels en réalités concrètes, malgré un contexte marqué par des défis persistants.

Cette journée intervient dans un contexte particulier pour le Tchad, où les défis sécuritaires, économiques et sociaux interrogent constamment la capacité des institutions à garantir la dignité humaine. Pourtant, loin du fatalisme, cette commémoration témoigne d’une volonté collective de faire progresser la cause des droits humains sur le territoire national.


Une trajectoire historique vers la démocratie


L’histoire récente du Tchad en matière de droits humains s’inscrit dans une trajectoire marquée par des étapes décisives. Depuis le 1er décembre 1990, date symbolique de l’ouverture démocratique, le pays a entrepris une transformation profonde de son architecture politique et institutionnelle. Dans une déclaration solennelle, le ministère de la Justice, chargé des droits humains, a rappelé cette évolution historique qui continue de structurer l’engagement national.

La Conférence nationale souveraine de 1993 constitue un moment fondateur. Cette assise a jeté les bases du pluralisme politique et favorisé l’émergence d’une société civile dynamique. Les organisations dédiées à la défense des droits humains ont pu se développer, créant un écosystème où la parole citoyenne trouve progressivement sa place dans le débat public.


La CNDH, institution républicaine au service des libertés


La constitutionnalisation de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et son élévation au rang d’institution républicaine témoignent d’une volonté politique affirmée. Cette reconnaissance institutionnelle dépasse le simple symbole pour conférer à la CNDH les moyens et la légitimité nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Le gouvernement affirme aujourd’hui que le respect des droits des femmes, des enfants, des personnes handicapées, des réfugiés et des déplacés constitue une priorité nationale, au même titre que l’éducation, la santé, la sécurité et le développement.

Un message fort du Président Belngar Larmé Jacques


Le Président de la CNDH, Belngar Larmé Jacques, a délivré un message porteur d’espoir et de responsabilité lors de cette journée commémorative. Pour lui, cette célébration représente bien plus qu’un rituel annuel. Elle constitue une occasion précieuse de rappeler le sens profond des droits humains et la responsabilité collective qui incombe à chaque acteur de la société tchadienne pour les faire vivre concrètement.

Dans son allocution, le Président de la CNDH a salué les efforts déployés par le Tchad en matière de ratification des traités internationaux. Ces engagements juridiques internationaux, lorsqu’ils sont suivis de réformes législatives et administratives concrètes, créent un environnement favorable au respect des libertés fondamentales. Toutefois, Belngar Larmé Jacques ne s’est pas contenté de dresser un bilan des acquis. Il a également lancé des appels ciblés aux différents acteurs de la chaîne de protection des droits humains.


Appels aux autorités, forces de sécurité et société civile


Aux autorités publiques, il a demandé de renforcer continuellement le cadre légal et institutionnel. Aux forces de défense et de sécurité, il a rappelé l’impératif du respect de la dignité humaine dans l’exercice de leurs missions. À la jeunesse, à la société civile et aux médias, il a adressé un message de reconnaissance tout en les encourageant à poursuivre leur rôle crucial de sensibilisation, de formation et d’alerte face aux violations.


Programmes de renforcement des capacités


La promotion des droits humains au Tchad ne saurait être l’affaire d’une seule institution ou d’un seul groupe d’acteurs. C’est pourquoi le gouvernement, en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers, a mis en place plusieurs programmes ambitieux de renforcement des capacités. Ces initiatives visent à former et outiller les défenseurs des droits humains, qu’ils soient fonctionnaires, membres d’ONG, journalistes ou leaders communautaires.


Construire une culture durable des droits humains


L’objectif affiché est clair : garantir que les droits et libertés de chaque citoyen soient respectés en tout lieu et en toute circonstance. Cette ambition nécessite une approche holistique qui combine amélioration du cadre juridique, formation des acteurs de terrain, sensibilisation des populations et mécanismes de recours effectifs pour les victimes de violations.

Dans un contexte national et régional marqué par des violations graves et massives des droits fondamentaux, la CNDH poursuit inlassablement sa mission de veille, d’investigation, de plaidoyer et d’éducation. Son action s’inscrit dans la durée et vise à créer une culture des droits humains où chaque Tchadienne et chaque Tchadien puisse jouir pleinement de ses droits, sans discrimination ni entrave.

Les droits humains, une réalité quotidienne


Le thème de cette 77ᵉ édition, « Les droits de l’Homme, nos essentiels de tous les jours », invite à une réflexion profonde sur la manière dont les principes universels se traduisent dans la vie concrète des populations. Les droits humains ne sont pas seulement des textes juridiques savants réservés aux juristes et aux militants. Ils concernent l’accès à l’eau potable, à l’éducation, aux soins de santé, à la sécurité, à la justice et à la participation à la vie publique.


Une synergie nationale et internationale


Cette vision pragmatique des droits humains appelle chaque acteur de la société tchadienne à une prise de conscience : la défense des libertés fondamentales commence par des gestes quotidiens, des choix éthiques et un engagement citoyen constant. Les médias jouent un rôle déterminant dans cette sensibilisation en documentant les violations, en donnant la parole aux victimes et en éclairant les citoyens sur leurs droits.

La Journée internationale des droits de l’Homme au Tchad ne se limite pas à une commémoration rituelle. Elle incarne une dynamique collective où institutions, citoyens, médias et partenaires internationaux conjuguent leurs efforts pour faire des droits humains une réalité quotidienne et non un idéal distant. Cette synergie d’acteurs, malgré les défis persistants, témoigne d’une volonté nationale de construire progressivement une société plus juste et respectueuse de la dignité de chacun.



Les défis restent nombreux : persistance de certaines pratiques discriminatoires, accès limité à la justice pour les populations vulnérables, insuffisance des moyens alloués aux institutions de défense des droits humains. Pourtant, la mobilisation observée lors de cette journée démontre que la conscience collective progresse et que les Tchadiens aspirent légitimement à voir leurs droits pleinement respectés.

Car au-delà des textes constitutionnels et des conventions internationales ratifiées, ce sont les actes concrets, les politiques publiques inclusives et l’engagement quotidien de chaque citoyen qui fondent véritablement une société juste, inclusive et respectueuse de la dignité humaine. La route est encore longue, mais le chemin est tracé et la volonté affichée laisse entrevoir des perspectives encourageantes pour l’avenir des droits humains au Tchad.

Related articles

Comments

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share article

spot_img

Latest articles

Newsletter

Subscribe to stay updated.