Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Europe ont affirmé , le 6 mars, leur intérêt à s’unir pour renforcer la défense de l’UE et l’autonomie sur le plan militaire.
Il est question pour ces gouvernements, de parvenir à s’entendre sur le principe d’un financement par la dette d’investissements dans la défense, et sur la nécessité de réaliser des acquisitions militaires en commun.
Selon Sébastien Maillard, conseiller spécial à l’institut Jacques Delors, et associé au think tank britannique Chatham House, cette décision, « marque l’amorce d’un tournant. Il est vrai que l’Europe de la défense est un serpent de mer, qui traverse la construction européenne depuis ses débuts. On pense à la Communauté européenne de défense dans les années 1950. Dans la précédente Commission européenne, quelques briques ont été posées, mais là, il y a une réelle volonté qui s’affirme ».
En réalité, on note de fort changement avec l’arrivé du futur chancelier allemand, qui s’affirme. Car pour lui, l’Europe doit anticiper le danger qui le guette. Et il est très important de remettre sur pied le service militaire. Les pays doivent s’unir « en faveur, non seulement du réarmement de leur pays, mais aussi de l’Europe. Il faut notre que « Le lâchage américain et les interrogations sur la solidité de la relation transatlantique marquent l’amorce d’un tournant nécessaire ».
Au regard de tout cela, la défense européenne, peut devenir le nouveau grand chantier des Européens. Selon Sébastien Maillard, cette défense sera à d’ « un côté pompier et de l’autre architecte. Pompier vis-à-vis des Ukrainiens, car l’urgence c’est de livrer tout de suite des armes, pour essayer de palier le retrait des Américains » ; « mais aussi l’architecte, avec la construction de sa propre défense, compte tenu des incertitudes sur la présence de l’Otan et l’usage de l’article 5.Vu les déclarations de Donald Trump, cela ne laisse rien de très garanti ».
« La construction européenne est en train de passer d’un projet de paix à un projet de puissance. Le sommet du 6 mars pose peut-être un jalon dans le passage de l’un à l’autre. Ces deux projets ne sont pas antinomiques mais l’Union européenne était avant tournée vers elle-même. La Russie sert d’aiguillon à cette reconfiguration de l’Europe », explique conseiller spécial.
Des conclusions relatives à la défense unanime

« Une partie des conclusions à 27-1 (Hongrie), ce n’est pas habituel. En parallèle, il y a un debrief avec le Royaume-Uni, la Turquie et la Norvège. L’Union européenne est nécessaire pour lever les 150 milliards d’euros, mais il ne faut pas s’interdire de penser au-delà.
Les Vingt-sept ont donné leur feu vert à un nouvel instrument de prêt de 150 milliards d’euros ou encore à une dérogation en matière de règles de déficit public pour la défense. Le Conseil européen invite néanmoins la Commission « à étudier des mesures supplémentaires ».
La proposition ReArm Europe est une base de discussion. Il y a aussi ce que pourrait faire la Banque européenne d’investissement (BEI), cette idée d’être une banque du réarmement, avec un capital initial et des prêts garantis. On est en plein moment d’ébullition pour des nouveaux financements. L’union des capitaux – autre serpent de mer – pourrait aussi avancer à cette fin. Le chiffre de 800 milliards d’euros d’investissements, c’est à la fois pour marquer un coup, mais on voit déjà qu’il faut aller plus loin car à ce stade, cela repose beaucoup sur les budgets nationaux et leur capacité à emprunter. Le débat n’est absolument pas clos », explique Sébastien Maillard.