Au cœur de la province du Salamat, le Parc National de Zakouma ne se contente plus d’être un sanctuaire pour la biodiversité. Il est devenu le porte-étendard d’un Tchad nouveau, prouvant que la protection de la nature est le levier le plus puissant pour le développement économique, l’éducation des peuples et le rayonnement diplomatique de l’Afrique.
Longtemps perçu uniquement sous le prisme de ses ressources pétrolières, le Tchad opère une mue spectaculaire. Le catalyseur ? Le Parc National de Zakouma. Créé en 1963 et ressuscité grâce à un partenariat historique entre le gouvernement et l’ONG African Parks en 2010, ce joyau de 305 000 hectares est aujourd’hui le laboratoire mondial d’une cohabitation réussie entre l’homme et l’animal.
Un Poumon Économique Hors Pétrole

Le tourisme à Zakouma n’est pas qu’une affaire de photos de safari. C’est une industrie lourde qui diversifie l’économie nationale. En 2019, le parc a franchi la barre symbolique du million de dollars de recettes. Plus frappant encore : 88 % des visiteurs étaient des Tchadiens, signe d’une appropriation nationale du patrimoine.
L’impact direct se mesure en emplois. Plus de 400 nationaux y travaillent comme rangers, guides ou gestionnaires. Mais l’effet domino va plus loin : l’hôtellerie (avec des sites de prestige comme le Camp Nomade), l’artisanat local et les transports bénéficient directement de ce flux. Zakouma prouve que la conservation est une « infrastructure » rentable.
L’École de la Nature

Le succès de Zakouma repose sur un contrat social fort. En reversant 25 % de ses revenus touristiques aux communautés voisines, le parc finance des cliniques et des écoles. Ici, l’éléphant n’est plus un concurrent pour les ressources, mais le bienfaiteur qui permet de construire des salles de classe.
L’aspect éducatif est primordial. Le parc forme une nouvelle élite de spécialistes tchadiens en écologie et gestion de la faune. Comme le rappelait feu le Maréchal Idriss Deby Itno : « La protection de l’environnement n’est pas un mot, mais c’est un comportement ». En éduquant la jeunesse à la valeur de leur terre, le Tchad prépare des citoyens conscients de leur héritage mondial.
Un Rayonnement International : Vers l’UNESCO ?

L’Afrique centrale possède en Zakouma l’un des derniers écosystèmes soudano-sahéliens intacts. La réintroduction réussie du rhinocéros noir en 2018 et la stabilisation de la population d’éléphants (plus de 500 individus) placent le pays sur la carte mondiale de la conservation.
Ce succès positionne naturellement Zakouma, ainsi que d’autres sites comme le Massif de l’Ennedi ou les Lacs d’Ounianga, comme des candidats sérieux ou des piliers du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Ces labels ne sont pas que des titres honorifiques ; ils sont des aimants à investissements et un gage de fierté pour toute l’Afrique. Ils montrent que le continent est capable de gérer ses ressources avec une rigueur exemplaire.
Un Modèle pour l’Afrique

L’exemple tchadien brise les clichés. Il démontre qu’une gestion rigoureuse peut transformer une zone de braconnage en un havre de paix et de profit. Le « modèle Zakouma » s’exporte désormais comme une référence de tourisme de vision en Afrique francophone.
En visitant Zakouma entre décembre et avril, le touriste, qu’il soit de N’Djamena ou de Paris, participe à une œuvre plus grande que lui : la sauvegarde d’une humanité en harmonie avec son environnement.
Il faut retenir que Zakouma, c’est 305 000 hectares de biodiversité préservée, plus de 400 espèces d’oiseaux et plus grand troupeau d’éléphants d’Afrique centrale, 25 % des revenus redistribués au développement local et 1 million de dollars de recettes touristiques en 2019.
ABDELLATIF OUSMAN TIDJANI/Stagiaire et Joël Godje Mana

