Ce 8 décembre 2025, la Journée Mondiale du Climat nous invite à unir nos forces pour une planète plus résiliente. Sous le thème émergent « Unis pour une mobilité durable », cette édition met l’accent sur l’action collective, l’éducation et, surtout, la jeunesse. L’occasion d’attirer l’attention du Tchad, pays classé parmi les Nations les plus vulnérables aux impacts climatiques. Deuxième mondial en termes d’effets sur les enfants et les familles, les défis appellent à une mobilisation urgente.
La capitale tchadienne, souvent submergée par des pluies diluviennes, illustre parfaitement les ravages des inondations amplifiées par le changement climatique. Face à cette situation déplorable, la Mairie de N’Djaména a lancé en 2025 le programme « Un N’Djaménois, un arbre », une initiative phare portée par les jeunes et co-construite avec l’ONU-Habitat et le PNUD. Plus de 100 000 arbres ont déjà été plantés dans les écoles, places publiques et zones périurbaines, créant des « poumons verts » qui absorbent les eaux de crue et réduisent l’érosion urbaine. Par ailleurs, plusieurs ONG locales telles que l’Action Citoyenne pour l’Information et l’Éducation au Développement Durable ( ACIEDD), et certaines initiatives des jeunes actifs se sont mobilisées pour la plantation des milliers d’arbres tant dans la capitale que dans les provinces. « J’agis pour le climat parce que ce n’est pas une question abstraite : c’est une réalité qui façonne déjà nos vies, notre économie, nos saisons agricoles, nos infrastructures et même nos décisions politiques. Au Sahel, et particulièrement au Tchad, chaque degré de réchauffement se traduit immédiatement par une baisse de revenus, une pression sur les ménages, des tensions sur l’eau, et parfois même par des conflits» nous confie Djoret Biaka Tedang.
Doba Green City : Verdir le désert pour survivre

Dans la région du Logone Oriental, la désertification ronge les terres arables, menaçant l’agriculture et les moyens de subsistance de millions de Tchadiens. Face à cette avancée inexorable du fléau, Bélizaire Mbaitokodji, coordinateur de la communauté U-Report Doba soutenue par l’UNICEF, a lancé en 2021 l’initiative « Doba Green City ». Ce projet communautaire, porté par des centaines de jeunes, vise à rendre Doba une ville semi-aride plus verte et résiliente. Depuis son démarrage, plus de 160 manguiers et goyaviers ont été plantés, fournissant ombre, fruits nutritifs et barrières naturelles contre l’érosion des sols.
« Planter un arbre, c’est investir dans notre futur », explique Bélizaire, qui mobilise les adolescents locaux via des ateliers éducatifs. Ces efforts ne se limitent pas au reboisement : les jeunes forment des coopératives pour entretenir les vergers, diversifiant ainsi les revenus familiaux et freinant la migration forcée vers les villes surpeuplées. En 2025, l’initiative s’étend à des techniques agroforestières inspirées de recherches locales, comme celles de Pierra Bassena, jeune chercheuse tchadienne qui promeut des pratiques communautaires pour restaurer les écosystèmes autour du lac Tchad. Son travail, financé par des fonds canadiens, met l’accent sur l’autonomisation des femmes et des jeunes marginalisés, en intégrant des cultures résistantes à la sécheresse pour contrer la dégradation des sols.
Les jeunes femmes : Actrices incontournables pour une lutte inclusive
Au Sahel, le climat frappe disproportionnellement les jeunes femmes, qui parcourent des kilomètres pour l’eau polluée par les inondations ou subissent la malnutrition due aux sécheresse. Pourtant, elles sont en première ligne de la résistance. À N’Djaména, Zara Loksala, 22 ans et membre des « Jeunes Voix du Sahel », mène une double bataille : elle plante des arbres pour lutter contre la désertification tout en promouvant l’accès à l’eau propre pour l’hygiène menstruelle. Son innovation ? Des serviettes hygiéniques réutilisables en tissu, fabriquées localement, qui réduisent les déchets non biodégradables jetés dans les rivières et aggravant les inondations.
De même, Gaëlle Maguele, chercheuse tchadienne, analyse les impacts genrés du climat pour forger des politiques d’adaptation équitables. Ses travaux soulignent comment les inondations accentuent les vulnérabilités des femmes rurales, tout en proposant des formations pour une agriculture résiliente, intégrant l’égalité des genres dans la gestion des ressources hydriques.
Vers une action collective et durable

Pour Djoret Biaka Tedang, trois actions sont utiles pour la préservation du climat en l’occurrence l’action intellectuelle et scientifique, l’action citoyenne et communautaire, et enfin l’action politique et stratégique qui sont indissociables et interdépendantes.
Pour agir davantage en faveur du climat, il ajoute que quatre éléments sont décisifs.
En premier lieu, un meilleur accès aux données et aux outils scientifiques. Les jeunes doivent pouvoir utiliser les technologies de modélisation, d’alerte précoce, de suivi des catastrophes et d’analyse de risques.
Deuxièmement, sont nécessaires d’après Djoret, des financements accessibles pour des projets innovants. L’adaptation ne se fera pas sans investissement. La jeunesse africaine et les opérateurs économiques doivent pouvoir accéder aux fonds climat, aux incubateurs et aux programmes d’expérimentation.
En troisième position, il faut une place réelle dans la gouvernance climatique. Pas symbolique, portée par des institutions internationales, mais structurée et internalisée: cadres de concertation locale, participation aux stratégies nationales, co-construction avec les autorités.
Dans une dernière approche, il met en exergue un environnement politique qui valorise la transparence et la responsabilité. La lutte climatique est incompatible avec la mauvaise gouvernance. Pour agir efficacement, il faut des institutions crédibles, capables de planifier et de rendre compte afin de conférer à la lutte toutes ses lettres de noblesse.
En cette Journée Mondiale du Climat, la jeunesse tchadienne nous rappelle que l’action collective commence par l’éducation et l’innovation locale. Mais la jeunesse à elle seule ne peut pas mener à bien cette lutte pour le bien être climatique, elle doit être encadrée par des politiques publiques, financée et assistée par tous les moyens de bords nécessaires afin que ses actions soient productives des résultats attendus. L’on peut également méditer cette réflexion du Maréchal Idriss Deby Itno sur le climat :« la protection de l’environnement n’est pas un mot mais c’est un comportement ».
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