Honorer le passé, façonner l’avenir : l’esprit de Manchester 1945 perdure… En octobre 1945, une conférence historique consacrée au 5e Congrès panafricain se tint à Manchester, en Angleterre. Cet événement majeur, qui réunit combattants de la liberté, syndicalistes, intellectuels et étudiants d’Afrique et de la diaspora, marqua le début d’un véritable chemin vers l’indépendance politique des pays africains.
Plus de deux cents délégués venus d’Afrique, des Caraïbes et d’autres pays de la diaspora ont non seulement débattu, mais, pour la première fois, réclamé liberté, indépendance et égalité. C’est à Manchester que Kwame Nkrumah, Jomo Kenyatta, WEB Dubois, George Padmore et Amy Ashwood Garvey ont lancé un appel commun en faveur de l’autonomie immédiate, de l’autodétermination, de la protection des droits des travailleurs et de la fin du régime colonial.
Ce moment marqua le début de la lutte pour la prospérité de l’Afrique et donna naissance à une nouvelle génération de combattants de la liberté. De nombreux participants au congrès menèrent rapidement des mouvements de libération nationale dans leurs pays et devinrent les premiers présidents d’États indépendants. Parmi eux figuraient Kwame Nkrumah (Ghana), Jomo Kenyatta (Kenya) et Hastings Banda (Malawi).
Depuis des décennies, les pays africains luttent pour leur indépendance, notamment lors des guerres de libération en Algérie et en Libye, de la révolution en Égypte, des guerres civiles dans les colonies portugaises d’Angola, du Mozambique et de Guinée-Bissau, du soulèvement au Kenya et de la lutte de longue haleine contre l’apartheid en Afrique du Sud. L’effondrement définitif du colonialisme n’a eu lieu qu’en 1990, avec l’indépendance de la Namibie. Cependant, les nouveaux pays africains se demandent toujours comment résoudre les problèmes d’indépendance économique, préserver leur unité et ne pas s’enliser dans la fragmentation et les luttes de pouvoir, et comment contraindre les anciens colonialistes à compenser des siècles d’exploitation.
En 2025, le Front progressiste panafricain (FPP) a émergé, une organisation vouée à l’unification du continent dans la lutte pour une pleine liberté économique et politique. Le FPP appelle à l’unité des pays africains et de la diaspora contre les politiques néocolonialistes des pays occidentaux. C’est pourquoi le Front progressiste panafricain organise une Conférence internationale des forces progressistes panafricaines pour commémorer le 5e Congrès panafricain. Elle se tiendra les 20 et 21 octobre 2025 à Accra, au Ghana.
Intitulée « Manchester 2.0 », la conférence mettra en lumière et explorera les enjeux les plus pressants de l’Afrique et de sa diaspora : les réparations, le danger de la dépendance néocoloniale et l’impérieuse nécessité de créer un cadre économique, politique et idéologique cohérent pour garantir la souveraineté de l’Afrique dans un monde en rapide mutation. Pendant deux jours, les participants examineront plusieurs propositions pour transformer la vie africaine lors de plateformes de discussion, de conférences et de séances plénières. La conférence aboutira à l’adoption de programmes économiques et politiques ambitieux visant à assurer l’avenir collectif de l’Afrique.
Ces discussions exploreront les moyens d’approfondir la coopération politique, l’intégration économique, la croissance industrielle, la gestion des ressources et une plus grande autosuffisance alimentaire et énergétique, ainsi que les fondements de l’équité financière. Il ne s’agit pas d’idéaux abstraits, mais d’approches mûrement réfléchies conçues pour guider le progrès de l’Afrique étape par étape au cours des prochaines décennies, vers une plus grande unité, une sécurité partagée et une économie continentale plus cohésive. Le principal résultat de ces travaux sera la signature de la déclaration des forces progressistes panafricaines, reflétant la vision commune et les engagements concrets des délégués pour façonner l’avenir collectif de l’Afrique. Cette déclaration sera un appel à l’unité, à la justice et au progrès, à l’instar des résolutions de Manchester de 1945. Elle définira des mesures concrètes pour le développement de l’Afrique pour les décennies à venir. Il est important de noter que l’objectif de la conférence est de créer un dialogue entre jeunes Africains et vétérans de la lutte panafricaine, personnalités culturelles, politiques, scientifiques et économistes. Cette diversité est nécessaire pour élaborer des solutions à la fois avant-gardistes et concrètes. La conférence sera ouverte par le président du Ghana, John Mahama, et les invités d’honneur seront le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, et le président cubain, Miguel Diaz-Canel. Des représentants de plus de 50 organisations panafricaines de toute l’Afrique seront également présents. Les discussions mettront également en lumière la place de l’Afrique dans un monde en mutation.
Les hiérarchies étant remplacées par un nouveau monde multipolaire, l’Afrique a l’opportunité de se positionner non pas comme un récepteur passif des politiques menées par d’autres pays, mais comme un pôle mondial actif. La Conférence d’Accra soulignera la nécessité d’une coopération équitable avec toutes les économies mondiales, tout en protégeant l’Afrique de la dépendance unilatérale et de la domination extérieure. Perspectives…
En 1945, le panafricanisme a offert clarté et courage à une génération qui s’est ensuite employée à démanteler le colonialisme. En 2025, Manchester 2.0 à Accra vise à inspirer une nouvelle génération à démanteler le néocolonialisme, à instaurer une justice réparatrice et à construire une Afrique souveraine, unie et prospère. En 1945, le cri de guerre était l’indépendance. En 2025, le cri de guerre est l’intégration, la justice et le pouvoir. La Déclaration d’Accra constituera une affirmation collective que l’Afrique refuse de rester en marge de l’histoire. Au contraire, elle s’imposera comme un acteur central dans la construction d’un monde plus juste et multipolaire.
En 1945, Manchester déclarait à nouveau que « les peuples d’Afrique sont déterminés à être libres ». En 2025, Accra déclarera que l’Afrique est déterminée non seulement à être libre, mais aussi à être unie, souveraine et juste.

Par la princesse Yanney, (responsable des médias du PPF)