Tchad: la Ligue tchadienne des droits de l’homme contre la loi d’amnistie générale

Au Tchad, la perspective d’une prochaine loi d’amnistie générale pour tous les acteurs civils et militaires impliqués dans les évènements du 20 octobre 2022 ne satisfait pas tout le monde. Pour Adoum Boucar Mahamat, président de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), l’amnistie n’est pas acceptable, car elle est synonyme d’impunité.

Le principe de cette loi d’amnistie est un engagement pris par le gouvernement dans le cadre de l’accord signé à Kinshasa mardi et qui a permis le retour vendredi de l’opposant Succès Masra à Ndjamena. L’amnistie empêcherait toutes poursuites pénales, mais laisserait ouverte la possibilité de réparations civiles pour les victimes, a précisé le ministre de la Réconciliation Abderaman Koulamallah.

Mais pour Adoum Boucar Mahamat, président de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), si le retour de Succès Masra est une bonne chose et devrait permettre de décrisper le climat politique, l’amnistie n’est pas acceptable, car elle est synonyme d’impunité. Micro François Mazet.

« En tant que défenseurs des droits de l’Homme, nous sommes contre l’impunité, et justement, cette loi d’amnistie viendra consacrer la culture et l’impunité dans le pays, nous explique Adoum Boucar Mahamat, joint par François Mazet de la rédaction Afrique de RFI

Le 20 octobre 2022, ce sont des massacres graves, ce sont des crimes graves, des crimes imprescriptibles (qui ont été commis). Le Tchad a ratifié plusieurs instruments internationaux de protection des droits de l’Homme, ces instruments internationaux sont au-dessus des lois nationales. Qu’il y ait une loi d’amnistie ou pas de loi d’amnistie, nous allons continuer notre lutte en nous tournant vers les instances internationales pour demander justice et réparations pour les victimes. Il faut situer les responsabilités, il faut connaitre les auteurs. S’il faut pardonner, il faut d’abord mener les enquêtes, déterminer les auteurs, les faire juger, et après, on peut les gracier, tout comme les amnistier. Mais maintenant, tel que c’est parti, on veut passer tous ces morts-là en pertes et profits, ce qui n’est pas normal. »

Selon le rapport de la LTDH, publié en avril dernier, au moins 218 personnes sont mortes lors de la répression du « jeudi noir », contre 73 selon le bilan officiel. Un bilan toujours provisoire, les défenseurs des droits humains continuant à demander une enquête indépendante, des poursuites judiciaires contre les auteurs et des réparations pour les victimes.

La Ligue envisage de porter un signalement auprès du bureau du procureur de la Cour pénale internationale, dit son président.

RFI

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