La rareté de pièces de monnaie est un phénomène qui touche le Tchad et la sous-région depuis plusieurs années. Ce phénomène cause des désagréments aux petits commerces et tous les utilisateurs de la petite monnaie.
« monnaie mafi » « silé goto », sont là les expressions, que bon nombre des tchadiens entendent dès qu’ils se pointent devant un commerçant, dans les pharmacies et boulangeries, dans les taxis ou minibus de transport urbain, chez le boutiquier du coin ou la vendeuse de galettes chaudes ou de beignets. Si, vous en avez, vous êtes servi. Sinon, vous galérez. Depuis quelques années, il est devenu de plus en plus difficile pour les commerçants et les usagers de disposer de pièces de monnaie, indispensables pour les courses de tous les jours et les petites transactions. « La rareté des pièces de monnaie bloque énormément de transactions financières et certaines activités. Le matin, il est difficile d’emprunter un taxi car le conducteur vous dit qu’il n’a pas de monnaie pour votre billet de banque ou bien pour votre pièce de 500 francs CFA. Au marché, nous vivons ce même calvaire », explique Nenodji Clarisse, étudiante. Un vrai calvaire pour Odette, vendeuse d’ananas : »Le marché ne passe pas. Maintenant pour que tu vendes il faut d’abord avoir les pièces. Parce que la grande majorité vient avec des billets. Tu vas rendre la monnaie comment ? » « Parfois certains clients pensent qu’on fait exprès de ne pas donner mais je vous assure que c’est vraiment difficile, il faut que la BEAC trouve des solutions à cette crise » lance Adam commerçant au grand marché. Une situation reconnue par les responsables de la BEAC comme en atteste les propos du gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli, à l’occasion de son 4è Comité de politique monétaire, tenu en Mars dernier à Yaoundé » « Je n’en ai pas connaissance de façon précise. Mais je sais que, par voie de presse, il y a des comportements de certaines entreprises qui, non seulement transfèrent des pièces de monnaie FCFA, mais exportent ces pièces ».
Pourquoi la petite monnaie se fait rare ?
Les causes de cette rareté sont multiples. On peut citer notamment, le manque de production, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), qui est la banque centrale des pays de la CEMAC, ne produit pas suffisamment de pièces de monnaie pour répondre à la demande; la contrefaçon des pièces de monnaie est un problème majeur dans la région. Les pièces contrefaites sont souvent de mauvaise qualité et peuvent être facilement identifiées. Cependant, elles peuvent encore être utilisées par les commerçants, ce qui contribue à la rareté des pièces authentiques. L’usure, les pièces de monnaie sont soumises à une forte usure. Elles sont souvent perdues ou abîmées, ce qui réduit leur quantité en circulation.
Pourtant de l’avis d’un cadre « Il y a beaucoup de pièces en ce moment dans l’économie. Le problème qui se pose est un problème de circuit de distribution. Il se pose depuis toujours et tout particulièrement ces derniers temps. Quand les banques qui doivent assurer la distribution de ces pièces de monnaie viennent faire des retraits à la Banque centrale, elles ne prennent pas de pièces et préfèrent les billets».
Les populations payent les frais de cette pénurie de monnaie
Les conséquences de ladite pénurie, ne sont plus à démontrer. L’on se souvient de la plus grande, avec la mort d’un jeune homme qui perdait sa vie dans un affrontement physique suite à un défaut de pièce (100f). Par ailleurs, on observe des altercations entre transporteurs et passagers, des fois pour 50 ou 100 FCFA. Les engueulades et bagarres sans fin, dans les marchés et super marchés ne sont pas en reste. Il faut dire que les conséquences de cette rareté sont multiples. Les petits commerces sont les plus touchés. Ils sont souvent contraints de refuser les pièces de monnaie, ce qui peut entraîner des pertes financières. Les usagers de la petite monnaie sont également touchés. Ils doivent souvent payer des frais supplémentaires pour obtenir des pièces de monnaie, ce qui peut être un obstacle à l’accès aux biens et services. Le gouvernement tchadien et la BEAC ont pris des mesures pour résoudre ce problème. La BEAC a annoncé qu’elle allait augmenter la production de pièces de monnaie. En attendant, la rareté de pièces de monnaie continue de poser des problèmes au Tchad et dans la sous-région.