Quatre mois après sa présentation, la loi sur l’éducation patriotique a été adoptée ce mercredi 25 octobre en Chine. Le texte doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain. Quelles obligations entraine-t-elle pour les citoyens ? Et quel impact sur la société chinoise ?
La vague patriotique qui a envahi les réseaux sociaux ces dernières années et provoqué une éruption d’autocollants « drapeaux rouge » sur les carrosseries des voitures et les top case des scooters dans les mégalopoles chinoises, sera donc institutionnalisée dès 2024.
Le texte de loi adopté par la 6e session du comité permanent de la 14e Assemblée nationale populaire stipule en effet qu’à tous les niveaux de l’État, l’ensemble des départements du gouvernement central, les pouvoirs locaux, les écoles, mais aussi les familles ont désormais une responsabilité dans le « renforcement de l’éducation au patriotisme »afin de « promouvoir la grande renaissance de la nation ».
« Confiance culturelle »
La Constitution stipule également que les citoyens ont « l’obligation de sauvegarder l’unité nationale et la solidarité de tous les groupes ethniques du pays, ainsi que la sécurité, l’honneur et les intérêts de la patrie. »
Le texte insiste, dans son article 2, sur la préservation de la « culture brillante » d’un « pays multiethniques unifié », en contradiction de la politique de répression menée contre la culture musulmane dans le grand ouest chinois depuis 2009, ainsi que la réduction des enseignements dans les langues des ethnies minoritaires, dans la région autonome du Xinjiang, mais également dans la province de Mongolie-Intérieure.
Sur les réseaux très surveillés en Chine, certains critiquent un « amour de la patrie » qui devrait être sinon spontané, du moins naturel. La « confiance culturelle » chère au président chinois ne peut, selon ces derniers, être commandée par une loi.
« Nihilisme historique »
Cet argument du manque de confiance en soi est dénoncé par d’autres, notamment ce compte affilié au gouvernement de la province du Fujian – dans le sud-est – qui affirme que les nations qui mettent en place de telles lois font souvent partie du club des pays développés comme les États-Unis.
À l’inverse, la loi adoptée ce mercredi qui s’applique aussi à Hong Kong et Macao, devra respecter l’histoire et les traditions culturelles des autres pays, prend soin de préciser l’agence de presse Chine Nouvelle. Cela, tout en reprenant des dispositions déjà promulguées, comme la loi sur la protection de l’hymne national ou celle protégeant le drapeau chinois, ainsi que les héros et les martyrs de la nation.
Depuis son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a en effet fait de la lutte contre ce qui est qualifié par les médias d’État de « nihilisme historique » – autrement dit une vision de l’histoire qui contredit l’historiographie officielle -, une priorité rappelée dans de nombreux discours.