A Douala, la ville métropolitaine du Cameroun, les étudiants tchadiens concilient de plus en plus études et métiers. Nombreux sont ceux là qui mènent des activités génératrices de revenus ce qu’il leur permet de subvenir à leurs besoins et joindre les deux bouts. Bedoum Lionel Jospin
Etudier à l’étranger n’est pas facile et les étudiants tchadiens vivant sont mieux placés pour en témoigner. Toutefois, avenir oblige, ils sont obligés de faire le pied de grue pour subsister et continuer les études. «ça fait déjà un an que je vends les habits de la friperie et par la grâce de Dieu, j’arrive à économiser à la fin du mois, ce qui me permet de payer mes factures en attendant la pension que les parents m’envoient quelque chose à la fin du mois», lance Arlette étudiante en année de licence en Communication à l’université de Douala. A l’instar de cette jeune-dame, à Douala, les difficultés de la vie estudiantine poussent bon nombre d’étudiants tchadiens à exercer des activités génératrices de revenus ou encore à mettre sur pied des initiatives rentables qui leur permettent de joindre les deux bouts. Baping Yamerka, venu de Moundou, après l’obtention de sa Licence en Droit, a décidé de s’installer dans la ville économique Douala, les intempéries de la vie vont contraindre ce dernier à trouver un emploi. « au début ce n’est pas facile pour moi c’est moi même qui finance mes études, je dois me battre pour assurer mes besoins, et comme je connais conduire la moto, j’ai commencé d’abord à louer la moto d’un monsieur, mais après il y a eu des malentendus, donc j’ai arrêté. Cette année grâce à mes économies j’ai pu payer une moto. Après les cours si je n’ai rien à faire, je viens à la station pour chercher les clients. Malgré le comportement de certains clients on n’a pas le choix que d’accepter ce qu’ils nous donnent comme argent» dit-il. A la question de savoir combien gagne-t-il, « J’arrive à économiser plus de 10000 francs CFA la semaine, avec cet argent, soit j’utilise pour les factures de l’eau ou bien de l’électricité et d’autres besoins» fait savoir Baping.
Contrairement aux autres étudiants, William étudiant à l’école normale, a trouvé un moyen pour concilier les études et son activité. Après les cours en journée, la nuit il est vigile chez un particulier à Bonapriso, un des quartiers huppés de Douala. Pourquoi choisir ce métier qui comporte autant de risque, sans ambages l’étudiant nous donne ses raisons. « Pour payer mes droits universitaires et mon loyer, ça n’a pas été facile pour moi quand je suis arrivé à Douala. C’est un oncle qui a décidé de financer mes études et au début tout allait bien, mais depuis il est décidé il y a de cela deux ans, j’ai décidé d’aller travailler comme vigile, ce que je gagne comme salaire ne me suffit pas à payer mes droits universitaires, mais on n’essaie de se débrouiller», explique William.
Benoudji Arsène, quant à lui travaille dans un salon de coiffure, malgré les cours il fait de son mieux pour aller suivre les cours à l’université et intervenir égalament au salon. « Il y a des jours oû on programme les cours dans la matinée, je fais de mon mieux pour me rattraper dans l’après-midi, ou parfois je photocopie les cours avec les amis». Affirme-t-il.
Irène, âgée de la vingtaine révolue, en dehors des études, elle vend des articles en ligne, « bien avant que je vienne étudier, j’ai l’habitude de faire des petits commerces pendant les vacances et grâce aux revenus, j’utilise pour mes besoins. Douala, c’est une ville d’opportunités alors j’essaie de mon mieux pour trouver de quoi assurer mon arrière surtout que la vie n’est pas facile», confie Irène. Djimra Félix, gérant dans un restaurant, «J’ai repris une année et au lieu de rester à la maison à ne rien faire, j’ai préféré travaillé dans ce restaurant en attendant la rentrée prochaine, entre temps je vais économiser pour pouvoir payer mes études» dit-il. Malgré les situations difficiles qu’il traverse , Felix se dit déterminé à réaliser son rêve, celui de devenir un Ingénieur. « j’ai nourri cette ambition depuis mon jeune âge et pour rien au monde je vais abandonner ce rêve. Même si la situation est difficile au pays on garde espoir que ça va aller » dit Felix.
Eviter le chômage à tout prix
Etudier loin de sa mère patrie, n’est pas une chose aisée pour beaucoup des étudiants tchadiens, certains pour des problèmes d’ordre financiers sont contraints de se trouver un emploi, question d’assurer leur quotidienne. D’autre par contre estiment que l’accès à la fonction n’est pas à la portée de tous les diplômés. C’est le cas de cet étudiant, qui après l’obtention de son Master 2 en géographie a décidé de ne plus regagner le pays. « J’ai les études, il y a exactement deux ans, les parents insistent pour que je retourne au pays, pourtant en étant ici je fais des bizness, même si je ne gagne pas beaucoup, j’arrive à joindre les deux bouts. Mais si je rentre au pays, je serai un chômeur et ça ne sera pas facile pour moi de prendre en charge ma petite famille» explique-t-il. Adam Abakar, un autre étudiant à l’université de Douala, n’en est pas du reste: « il y a beaucoup des diplômés sans emploi au pays, qui ne font rien, et chaque année le nombre augmente de manière exponentielle, le gouvernement à son niveau ne peut pas offrir un emploi décent à tout le monde alors s’il y a des jeunes tchadiens qui ont trouvé mieux ailleurs pourquoi vous vous voudriez qu’ils regagnent le pays? »