Afrique: L’OTAN pourrait-elle intervenir militairement au Mali ?

L’Alliance transatlantique s’inquiète de l’influence grandissante de la Russie sur son flanc sud, notamment dans la zone sahélienne. Au point que l’Espagne n’exclut pas une intervention de l’Alliance au Mali.

Dans le nouveau concept stratégique adoté par les membres de l’OTAN lors du sommet qui s’est refermé jeudi (30.06.2022) à Madrid, il n’y a pas que le flanc oriental qui préoccupe l’Alliance. La zone du Sahel est citée plusieurs fois, à la fois comme région représentant un intérêt stratégique, mais aussi comme source de menace potentielle en raison de l’instabilité sécuritaire qui y règne. 

Parmi ces menaces, l’OTAN évoque le terrorisme, mais aussi « l’instrumentalisation » de la migration irrégulière.

En marge du sommet, le chef de la diplomatie espagnole a d’ailleurs évoqué, dans une interview à une radio locale, l’éventualité d’une « intervention de l’OTAN » au Mali si « cela représentait une menace pour notre sécurité ». 

Dans une autre interview accordée à la télévision nationale, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé à ne pas oublier le « flanc sud » dans le développement de l’Alliance. Il a, lui aussi, cité le Mali, où la Russie étend sa zone d’influence.

« L’Espagne est le premier partenaire de la France sur le terrain, il y a donc une véritable inquiétude de sa part », explique Jérôme Pigné, président du Réseau de Réflexion stratégique sur la Sécurité au Sahel 2R3S.

Selon lui, les déclarations espagnoles sont aussi une réponse à Vladimir Poutine « parce que la Russie impose une lutte d’influence aux pays européens, en priorité à la France, l’Espagne et l’Allemagne ».

L’OTAN est déjà indirectement présente au Mali, dans le cadre d’un soutien logistique de la part de pays membres. Mais Jérôme Pigné estime qu’une intervention militaire est peu probable.

L’opération de l’OTAN en 2011 en Libye a laissé de mauvais souvenirs dans la région. « Je vois très mal comment on pourrait faire accepter politiquement une opération militaire aux pays africains », estime le spécialiste du Sahel.

« L’approche militaire à elle seule ne peut pas suffire à endiguer la menace terroriste », prévient encore Jérôme Pigné. La responsabilité de la communauté internationale dans la zone sahélienne est, selon lui, « d’accompagner l’action militaire par des projets de développement, de gouvernance et de coopération régionale ». Or l’OTAN « n’a pas d’outils pour accompagner les pays de la sous-région en la matière ».

Jeudi à Madrid, la dernière session du sommet de l’OTAN a porté sur « les menaces et les défis au Moyen-orient, en Afrique du Nord et au Sahel ». Pour l’instant, l’intervention de l’Alliance semble vouloir se limiter à un renforcement « de l’aide » à ses partenaires dans la région.

Le secrétaire général Jens Stoltenberg a annoncé un plan de soutien à la Mauritanie pour aider le pays à sécuriser ses frontières et à lutter contre la migration irrégulière et le terrorisme.

www.dw.com/fr

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