Une décision qui surprend plus d’un intervient après la série de fusillades meurtrières qui a occasionné assez de victimes.
C’est une décision majeure comme la plus haute juridiction américaine n’en n’avait pas pris au sujet des armes à feu depuis le début des années 2000, rapporte notre correspondant de RFI à Washington, Guillaume Naudin. La Cour suprême américaine a invalidé ce jeudi une loi de l’État de New York sur le port d’armes, consacrant ainsi le droit des Américains à sortir armés de leur domicile. « Le deuxième et le quatorzième amendement de la Constitution protègent le droit d’un individu à porter une arme de poing pour son auto-défense à l’extérieur de son domicile », a écrit le juge Clarence Thomas pour la majorité.
Une décision qui divise les juges de la cour suprême
Cette décision n’a pas fait l’unanimité de la Cour. Six juges, tous conservateurs, sur neuf ont voté dans ce sens. La Cour agit « sans considérer les conséquences potentiellement mortelles de sa décision », a regretté le juge progressiste Stephen Breyer dans un argumentaire distinct en rappelant qu’« en 2020, 45 222 Américains ont été tués par des armes à feu ».
« La NRA remporte une victoire ! La Cour suprême a affirmé que le droit à porter des armes ne s’arrête pas à la porte du domicile », s’est exclamée la National Rifle Association dans un tweet assorti d’un émoticône symbolisant la fête. La NRA s’est notamment réjoui de voir que la haute juridiction avait déclaré « inconstitutionnelles » les « restrictions » au port d’armes prévues par une loi de l’État de New York.
Un « jour sombre »
Cette décision est un coup dur pour les défenseurs d’un meilleur encadrement des armes à feu. Le président américain Joe Biden s’est dit « profondément déçu » par une décision « contraire au bon sens ». Dans un communiqué, il « appelle tous les Américains (…) à faire entendre leur voix sur la sécurité des armes à feu » car « des vies sont en jeu ». Il encourage plus que jamais à renforcer le contrôle des armes après les tueries de Buffalo et Uvalde. Un contexte dramatique qui n’a pas gêné la Cour suprême, habituée à ne pas tenir compte des agendas autres que le sien.
Dans l’État de New York, où la loi était contestée, la gouverneure Kathy Hochul a déploré un « jour sombre » et a jugé « absolument scandaleux que (les juges) aient supprimé nos droits à jouir de restrictions sensées » sur les armes à feu. Elle a été suivie par le maire de la ville, qui a dit redouter « une vague de violences par arme à feu » après cette décision. « Nous allons coopérer pour juguler les risques créés par cette décision une fois mise en œuvre car nous ne pouvons pas laisser New York se transformer en Far West », a ajouté l’édile démocrate et ancien policier.