Deux chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont arrivés à Conakry ce 17 septembre à l’effet de discuter avec la junte au pouvoir en Guinée. Après l’aéroport, les présidents ivoirien Alassane Dramane Ouattara et ghanéen Nana Akufo ont échangé dans un hôtel de Conakry avant de se rendre au palais Mohamed V où se trouve le désormais président de la République déchu, Alpha Condé. Le récit de cette journée.
Cette délégation de la EDEAO est arrivée vendredi à Conakry dans le cadre de la mise en œuvre des décisions prises lors de session extraordinaire tenue la veille à Accra (Ghana).
Selon des médias locaux, avant leur départ de Conakry, où le voyage était si express, les deux chefs d’Etat représentant la CEDEAO ont affirmé avoir été satisfaits de leur entretien « avec le président du Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) sans donner de détails sur le contenu de leurs discussions », selon le site Guinée news.
Langage diplomatique «On a eu des entretiens très francs, très fraternels avec le colonel Doumbouya et ses collaborateurs. Je pense que la CEDEAO et la Guinée vont trouver les moyens de marcher ensemble », a déclaré le président ghanéen, avant d’ajouter que la délégation qu’il conduit a pu rencontrer Alpha Condé : « on a rencontré le président Alpha Condé avec qui on a eu des discussions et ça s’est bien passé », selon toujours le même journal.
Un séjour satisfaisant à Conakry
Pour sa part, le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara a même déclaré que l’ancien président guinéen se porte bien. «Nous avons rencontré le président Alpha Condé qui va bien», a-t-il rassuré. Contrairement aux menaces diplomatiques antérieures, Ado se dit plutôt satisfait à Conakry : « nous avons eu un excellent séjour à Conakry et nous avons eu un excellent entretien avec le président du CNRD. »
Or, la veille, lors du sommet d’Accra, l’institution sous-régionale avait notamment annoncé des batteries de sanctions ciblées contre les membres de la junte et leurs familles ; exigé la tenue des élections présidentielle et législatives dans un délai de 6 mois et la libération immédiate du président Alpha Condé.
Décision avait aussi été prise d’effectuer dès que possible une visite en Guinée pour notifier en personne les décisions de la Conférence visant, selon l’instance sous régionale, la restauration de l’ordre constitutionnel et la consolidation de la démocratie. Ce qui est donc fait.
Pas de libération immédiate pour Condé
Arrivée un peu avant 11 heures à l’aéroport Gbéssia de Conakry, le président ivoirien Alassane Ouattara a été le premier à fouler le sol guinéen. Il a été accueilli à sa descente d’avion par le colonel Mamady Doumbouya, président du comité national pour le redressement et la démocratie (CNRD).
Le président Ouattara a été rejoint un peu plus tard par le président ghanéen Nana Akufo Addo, président en exercice de la CEDEAO. Bien qu’annoncé dans la délégation, le président sénégalais Macky Sall ne foule finalement pas le sol de Conakry jusqu’à 13h00 (TU)…
Le chef de la junte militaire au pouvoir et ses hôtes ont quitté l’aéroport pour un hôtel du centre-ville où est programmé le tête à tête entre les présidents Akufo Addo et Ouattara et le colonel Doumbouya et ses hommes.
Manifestations contre la Cédéao
Des manifestations contre l’arrivée de la délégation ont été organisées autour de l’aéroport. Les manifestants s’insurgeant contre « la pression de la CEDEAO ».‘’ Victoire au peuple’’, ‘’ A bas la CEDEAO’’, ont-t-ils scandé tout en affichant leur soutien à la junte au pouvoir, selon des médias présents sur le terrain.
Dans un communiqué publié jeudi soir, le CNRD inscrivait cette visite dans le cadre du renforcement des relations d’amitié et de coopération entre la Guinée et les Etats de l’organisation régionale.
Une semaine avant cette visite, les chefs d’Etat de la CEDEAO avaient envoyé des émissaires à Conakry pour rencontrer les nouvelles autorités afin de faire le point sur la situation suite au coup d’état.
Selon Radio France internationale, la rencontre entre la délégation de la Cédéao et le CNRD a vu également la présence des autorités militaires, des ambassadeurs ou encore la nouvelle gouverneure de Conakry.
En fin de compte, ni Alpha Condé ne sera libéré immédiatement ni le retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 6 mois comme le réclame la Cédéao n’ont été promis par le CNRD.